Fuck le gris
L'une des joies subséquentes à un déménagement est de découvrir son nouveau quartier. Ayant récemment pris mes aises en un charmant logis au cour de Sherbrooke, j'arpente depuis quelques semaines les recoins du centre-ville avec un émerveillement renouvelé, car je m'amuse à m'y perdre. Mon plaisir de piéton est de sortir des «sentiers battus», de faire du «hors-pistes urbain», de dénicher des trésors à la fois crades et cachés. C'est comme de l'ornithologie, mais en plus tordu, en moins bucolique.
Pour l'occasion, j'ai renoué avec mon appareil photo et ainsi, je collecte des images du dark side de Sherbrooke. Mon approche relève de l'implication citoyenne (il serait bien de mettre ça tout beau avant le déferlement de touristes annoncé pour Omaterra), mais également d'une hystérie digne de toutes ces filles dans la jeune vingtaine qui héritent du vieux kodak de leurs parents et qui se disent naïvement «Moi, je serai photographe!», jusqu'au jour où elles se rendent compte que tout le monde peut prendre des photos potables. Un classique.
Ne vous moquez pas trop de moi: je me suis pris d'affection pour un dessous de viaduc. Son béton craquelé m'émeut (tout en m'effrayant légèrement) et je me vautrerais volontiers dans sa garnotte. À lire les graffitis qu'il arbore, je le sais troublé, mais que voulez-vous, j'aime ça, moi, le trouble.
«I love meth», «Destroy» et «Anarchie» sont des déclarations dignes d'une thérapie plutôt primale, mais il y a aussi de la poésie là où on s'y attend le moins. Mon graffiti préféré: «Fuck le gris». Et c'est écrit sur un gros carré gris. Profond.
Bon… Ce n'est peut-être pas du Paul Éluard ou du André Breton, mais n'est-ce pas là un bel et subtil hymne au printemps? Si j'extrapole encore un peu plus, j'y perçois même un vibrant message d'espoir. «Fuck le gris», ça fait très Gandhi.
Dites-le haut et fort. Vous verrez, ça fait du bien.
Sherbrooke est une gerboise
Bye bye grisaille et bonjour beau temps. Lorsque le printemps arrive, le Sherbrookois sort de sa tanière. Son comportement est alors des plus prévisibles. C'est comme une petite bête, une petite gerboise.
Pour l'occasion, voici mon top 5 des activités printanières sherbrookoises…
5- Manger une molle. Mon petit côté bourge fait en sorte que j'opte parfois pour le gelato (aux pistaches), mais il n'y a rien qui accote la crème glacée molle deux couleurs de ma crèmerie préférée.
4- Arpenter la Wellington. Dès que la neige fond, la jupe se porte courte et la camisole seyante au centre-ville. Que je ne voie personne se plaindre!
3- Aller «chiller» à Magog. Comportement étrange, mais il est si bon d'aller chez le voisin et de s'y croire chez soi l'instant d'un après-midi ou d'une soirée.
2- Prendre un verre sur une terrasse. Bière froide, mojitos ou sangria… Ça n'a pas d'importance si on a les lunettes soleil de circonstance.
1- Faire le tour du lac des Nations. C'est devenu le classique par excellence. Dès qu'il fait beau, ça joue du coude dans la «zone zen». Pour ma part, je fais le parcours dans le sens des aiguilles d'une montre. Je vous invite à en faire autant. Comme ça, il n'y aura pas de chicane.
Joyeux printemps. Voir Estrie vous aime.