L’écho des Cantons

Faire l’amour, faire du théâtre

OK. Parlons sexe.

Récemment, une chanteuse m'a dit ceci en entrevue: «Je suis sur terre pour accomplir des choses simples: être une bonne mère, faire la cuisine, chanter, peindre et baiser.» [Je ne vous dis pas tout de suite qui est cette chanteuse, car c'est pour un article d'un éventuel numéro de Voir Estrie et que j'essaie d'améliorer mon sens du scoop!]

J'adore ça comme affirmation, comme franchise. Disons que c'est du bonbon de citation pour le journaliste que je suis. En interprétant un peu, c'est comme si pour elle, tout cela était viscéral et complémentaire, comme si tout avait la même importance. N'est-il pas intéressant de penser que le sexe, la cuisine et l'art proviennent d'une seule et même source? Moi, je trouve cela charmant (surtout que je fais un excellent risotto).

En dérapant légèrement, j'en viens à me poser les questions suivantes. Est-ce que les grands artistes de ce monde ont une sexualité exacerbée? Possible, mais dans les cas de Woody Allen et Roman Polanski, exacerbé est synonyme de déviant. Est-ce que les artistes manqués ou frustrés sont précoces ou frigides? Ils sont déjà assez à plaindre, on ne leur souhaite pas ça.

Quand on se donne

Vous allez me trouver tordu, mais cela m'amène à vous parler des ateliers-théâtre du Double Signe. La semaine dernière, les journalistes étaient conviés à une conférence de presse pour souligner Le Printemps des ateliers-théâtre (une série de pièces issues des ateliers de la dernière année et qui sont présentées jusqu'au 12 juin au Théâtre Léonard-Saint-Laurent), ainsi que le dévoilement du nouveau logo de la compagnie sherbrookoise qui célèbre ses 25 ans d'existence cette année (moi, je le trouve fort joli, ce logo).

Au cours de la conférence de presse, ce n'est pas le discours du porte-parole Richard Turcotte que j'ai retenu. Même si le populaire animateur de l'émission de radio des Grandes Gueules fut parfait comme ambassadeur en évoquant ses souvenirs du temps où il participait aux ateliers-théâtre, c'est un petit détail soulevé par Patrick Quintal qui m'a tout particulièrement fait sourire.

Le directeur artistique du Double Signe racontait que depuis 25 ans, la compagnie s'efforce de rendre le théâtre accessible aux gens de la région, par des lectures publiques, entre autres, mais que la clé demeure de «faire faire du théâtre». Ainsi, chaque année, c'est environ une centaine de passionnés du théâtre (des ébénistes, des dentistes, des chirurgiens…) qui suivent les ateliers sous la direction de comédiens professionnels (des hommes et des femmes d'expérience); ce sont eux qui signent la mise en scène des pièces du Printemps du Double Signe.

Le petit détail que j'évoquais plus tôt, c'est qu'en 25 ans d'ateliers-théâtre, mentionnait Patrick Quintal, plusieurs couples se sont formés, et il y a même des enfants issus de ces rencontres entre participants! Ainsi, cela nous ramène au thème du jour: le sexe.

Imaginez un camionneur qui s'inscrit aux ateliers-théâtre parce qu'il veut sortir de sa bulle, vaincre sa peur du ridicule, et il en ressort non seulement avec une plus grande confiance en lui, mais avec une blonde et, plus tard, un gamin. Méchante émancipation!

En somme, le théâtre, c'est bien, mais avec du sexe, c'est mieux. Toutefois, je ne crois pas que le Double Signe accompagne ses participants dans les deux. À vérifier au www.doublesigne.ca.