La société des loisirs (la suite)
Cette chronique fait suite à celle de la semaine dernière, dans laquelle j'ai lancé quelques idées afin de bonifier l'Estrie de divertissantes futilités. Au-delà de travailler, manger et dormir, ça prend des loisirs à proximité pour ne pas que nos existences soient routinières, voire vaines, et pour que la région devienne une sérieuse candidate au titre de «là où il fait bon vivre». Plus notre offre d'activités sera grande, moins on sera portés à se rendre à Montréal ou autres cités cosmopolites pour combler un vilain manque.
Je ne tourne pas le dos aux charmes actuels des Cantons-de-l'Est, qui sont nombreux et desquels je profite déjà pleinement. Mais ne trouvez-vous pas qu'il y aurait moyen de pimenter ce qui s'offre à nous quand vient le temps de faire faux bond au quotidien?
Ainsi, je poursuis le brainstorming avec d'autres de mes suggestions tordues et non démagogiques…
Des universités qui misent sur les arts
Le milieu des musées et des galeries des Cantons-de-l'Est a récemment demandé aux deux universités de la région (UdeS et Bishop's) de tonifier leurs programmes en arts visuels. Le milieu des arts de la scène a déjà fait le même type de demande quant à son secteur d'activité. Pourquoi? Parce que plusieurs artistes d'ici doivent quitter la région pour poursuivre leurs études… et ils n'y reviennent pas. Après l'exode des cerveaux, celle des artistes ne laisse présager rien de bon pour l'avenir.
Sherbrooke est reconnu pour ses formations en arts du primaire jusqu'au collégial, mais rendu au niveau universitaire, ça s'étiole côté arts visuels, théâtre et danse. Si nos universités décidaient de concurrencer l'offre scolaire des grands centres destinée aux artistes, l'impact serait immédiat sur la vitalité culturelle de notre région: de nouvelles compagnies de théâtre et de danse verraient le jour, davantage d'artistes d'ici exposeraient dans nos galeries et musées, il y aurait plus de monde dans les salles de spectacle et lors des vernissages… Tout serait propulsé vers l'avant. Reste à savoir si les dirigeants de nos universités ont la volonté et le leadership qu'il faut.
Une petite librairie spécialisée
Il y a quelques librairies à grande surface en Estrie (pour ma part, j'aime flâner à la Biblairie GGC, une entreprise d'ici), mais comme il serait agréable d'avoir un petit lieu où la littérature occuperait toute la place! Il s'agit sûrement d'un vou pieux, car les librairies indépendantes tombent comme des mouches au Québec (Pierre Foglia de La Presse en faisait état avec éloquence dans une récente chronique), mais on peut toujours rêver. Moi, je prendrais volontiers une librairie spécialisée en bande dessinée comme l'était Fichtre! à Montréal. Je m'y rendais régulièrement jusqu'à ce qu'elle fasse faillite plus tôt cette année. (Soupir.)
Un club vidéo avec des films de répertoire
Même dans les immenses clubs vidéo à une distance raisonnable de chez moi, le choix de «films de répertoire» (dans un sens large et inclusif) est si mince que je serais prêt à parcourir une distance déraisonnable juste pour une grande sélection de films qui misent sur le scénario ou sur la signature d'un réalisateur. Pas vous?
Plus de festivals
Montréal et Québec sont saturés de ce côté, mais en Estrie, il y a encore de la place pour des festivals, et pas seulement au cours de l'été. On a déjà quelques événements fédérateurs destinés à attirer les masses qui obtiennent beaucoup de succès. Ainsi, je militerais davantage pour plus de festivals de niche et à échelle humaine, comme le sont les Correspondances d'Eastman, le Festival de musique actuelle de Victoriaville, les Petits Bonheurs de Sherbrooke, le Festival Orford… En offrant quelque chose de ciblé et de différent, un événement se distingue et devient par le fait même un produit d'appel.
Que ce soit un festival de films gore ou une biennale des arts de la rue, je suis partant.