J'ai un petit côté geek, mais il y a pire que moi.
Dans ma bagnole, pas de GPS. Dans mes poches, pas de iPhone. J'ai même cette règle non écrite: je n'achète pas le bidule de l'heure si les babioles que j'ai déjà font l'affaire. J'attends donc impatiemment que mon vieux iPod rende l'âme. Disons que je lui mène la vie dure. Avec cinq années dans le corps, il me semble qu'il pourrait me quitter avec le sentiment du devoir accompli.
Désolé de faire du placement de produit (c'est bien malgré moi), mais cette chronique relate une balade effectuée en après-midi avec un iPad, un autre de ces gadgets dont je n'ai pas besoin mais qui excitent une zone ingérable de mon cerveau. À défaut de m'acheter le truc, je m'en suis gentiment fait prêter un. Et j'ai eu droit à une petite leçon d'histoire en prime.
Éducation et «simplicité volontaire» vont si bien ensemble.
Mémoire vive
En marchant dans la rue Frontenac au centre-ville de Sherbrooke, je croise une amie qui promène son bébé neuf en carrosse. Elle me présente sa progéniture et en échange, je lui montre mon nouveau protégé, un iPad, ce qui la rend complètement gaga, comme si j'avais sorti un nouveau-né de mon sac en bandoulière (preuve que la «geekitude» existe aussi chez les filles)! Ensemble, on décide de le prénommer Junior.
C'est la Société d'histoire de Sherbrooke qui me l'a confié. L'institution a conçu une application afin de transformer le cour de la ville en un immense musée. Junior étant muni d'un système de géopositionnement par satellite (GPS), il peut repérer le site sur lequel il se trouve et ainsi commenter la visite tel un guide compétent.
Le projet se nomme Mémoire vive et on le décrit comme un «circuit patrimonial» même s'il n'y a pas vraiment de parcours précis. Les différentes murales de M.U.R.I.R.S. constituent les principaux points de repère de cette virée historique. Chaque fresque possède son petit clip d'animation (conçu par Les Spartes, une firme sherbrookoise) et son lot de photos commentées afin de savoir qui est qui sur les murs de brique ornés de personnages. Certains sites proposent même quelques extraits sonores qu'on peut démarrer par un clic sur l'écran tactile.
Mon intérêt a varié selon les thèmes des murales (qui sont plutôt diversifiés). Par exemple, la petite histoire des pompiers et des policiers de Sherbrooke m'excite autant qu'une partie de backgammon. J'ai donc davantage aimé les clins d'oil historiques et architecturaux qui bonifient l'expérience de Mémoire vive. Ceux-ci prennent la forme de petits points bleus sur la carte du iPad et dès qu'on appuie dessus, on en apprend sur différents bâtiments et lieux de Sherbrooke. Il y a ceux qui existent toujours mais dont la vocation a changé (l'usine Kayser, le séminaire Saint-Charles-Borromée, le complexe Paton, l'ancien palais de justice…) et il y a les disparus (le marché Lansdowne, le cinéma Premier, le Grand Central Hotel, l'épicerie Steinberg au bout de la rue Wellington Nord…).
Sherbrooke à l'ère du clic
Mémoire vive constitue un cours d'histoire interactif qui survole une multitude d'informations. C'est de la «pop-éducation», de l'instruction ludique à l'ère du clic. Il n'en demeure pas moins qu'en une demi-journée, j'en ai appris suffisamment sur ma ville pour vouloir creuser davantage le sujet, quitte à parcourir les bouquins écrits par Jean-Pierre Kesteman sur l'histoire de Sherbrooke (et publiés aux éditions GGC).
À mon avis, tous les Sherbrookois gagneraient à découvrir le iSherbrooke. Allez faire un tour à la Société d'histoire. Vous verrez, Junior s'occupera bien de vous.