De Drummondville à Magog, d'un bout à l'autre de la 55, j'ai exploré les extrêmes du large spectre de la gastronomie québécoise. Digestion sous forme de retour sur une longue fin de semaine de dégustation.
Pout, pout, pout
À Drummondville, la sauce brune dégoulinait dans les rues et le fromage fondu comblait tous les interstices des trottoirs grâce au Festival de la poutine, événement-rejeton des membres des Trois Accords.
J'adore ce festival car il est tout simple: deux jours de festivités + une scène pour les shows + des tentes pour vendre la poutine (et l'indispensable houblon). Oubliez les pétards et les vendeurs de tam-tams, car il ne faut pas perdre de vue le prétexte de la fête, soit la sainte trinité des fins de soirées arrosées (frites, sauce brune et fromage qui fait squik squik).
En bon épicurien que je suis, j'ai testé la poutine vedette de Martin Picard, propriétaire du resto Au pied de cochon et chef invité de cette année. Il s'agissait d'une poutine au homard. La recette? De la pout et du homy. Encore une fois, rien de compliqué, mais ça prenait bien un chef de la trempe de Picard pour oser cette décadence dans un contexte populiste.
Et c'était bon? Très. Difficile de se tromper avec une sauce brune qui goûte la mer.
Simon Proulx, chanteur des Trois Accords, y est allé de la déclaration suivante: «Tout a bien été, le bilan est totalement positif, aucun souci logistique ou sécuritaire n'est venu assombrir nos deux journées de festivités. On remercie les gens de Drummondville d'être aussi gentils, beaux et bien élevés.» Vu le nombre de Sherbrookois croisés sur le site, les compliments s'appliquent à pas mal de monde.
Se réconcilier avec le vin rouge
Il paraît que le dimanche fut terrible. Des files d'attente d'une heure avant de pouvoir se faufiler dans l'immense tente de la Fête des vendanges Magog-Orford, ça fait peur. Victime de son succès, l'événement semble mûr pour une phase d'expansion…
Par chance, j'y suis allé le lundi de la fête du Travail, et on ne s'y sentait pas comme en ex-URSS… mis à part peut-être à l'entrée des journalistes, où je me suis fait «carter». On m'avait gentiment invité, mais mon allure négligée (comprendre une barbe de x jours) nuisait à ma crédibilité médiatique. «Pas besoin d'être clean, madame. Moi, j'écris.» L'argument fut convaincant.
Voici les hauts faits de ma virée gourmande:
1- Je me suis réconcilié avec le vin rouge québécois grâce aux délicieux produits du Domaine St-Jacques, situé à Saint-Jacques-le-Mineur (domainest-jacques.com). L'assemblage des liquides vermeils de ce vignoble m'a beaucoup impressionné.
2- La découverte (sur le tard) de mon drink de l'été: la sangria verde faite à partir du cidre Dégel de La face cachée de la pomme (lafacecachee.com/degel). Avec du jus de canneberges blanches et d'orange, du soda et un trait de curaçao bleu, la magie des couleurs donne une désaltérante boisson verte à servir sur glace.
3- Gagliano, c'est aussi un vignoble (www.vignoblegagliano.com) et ses vins sont à déguster sans médisance.
4- La palme du produit le plus décadent revient au Coureur des bois du Domaine Pinnacle (www.domainepinnacle.com). On parle d'une liqueur au sirop d'érable, mais je crois qu'il s'agit plutôt d'un sirop d'érable à la liqueur. Il faudra enquêter…
5- Mon incontournable: le vin gris de L'Orpailleur (www.orpailleur.ca). Chaque année, un généreux trait de ce liquide s'impose.
Et la bouffe? C'était comme d'hab. À coups de mini-portions, tout est bon.
Ah oui… La Fête des vendanges Magog-Orford se poursuit la fin de semaine prochaine, les 11 et 12 septembre (fetedesvendanges.com).