J'ai une nouvelle cassette audio, alias une K7.
Par chance, je traîne de déménagement en déménagement un vieux système de son. Je l'ai acheté peu de temps après avoir emménagé dans mon premier appartement sherbrookois, situé dans la rue High (un petit 2 1/2 avec puits de lumière et bain sur pattes). Sur mon «ghetto-blaster» de bonne famille, pas de connexion pour le iPod ou de faux effet surround, mais un tape deck vitré qui permet de voir tourbillonner les rouages. On pèse sur PLAY et ça s'illumine. À chaque fois, c'est un peu Noël.
Avant d'insérer l'objet nouveau (mais joyeusement vintage) dans la fente, j'ai soufflé bruyamment à l'intérieur pour enlever l'excédant de poussière du mécanisme, comme on le faisait dans les boîtiers de jeu Nintendo si la connexion était ardue. L'opération fut une réussite.
Ainsi, Pat Jordache a pu jouer en boucle chez moi dimanche dernier, sauf que je devais tourner le petit boîtier de bord à l'occasion. Ce groupe, il sonne un peu comme The Smiths, mais avec une voix étrangement grave et une efficace section rythmique.
Ça me fait penser: j'ai aussi une vieille K7 des Smiths. J'écouterai ça ce soir…
Le retour de la K7
Après le revival du vinyle (une tendance forte dans le milieu de la musique; même Louis-José Houde en parlait lors de son animation au dernier Gala de l'ADISQ), est-ce que la cassette audio fait un retour à son tour?
Il faut savoir qu'au fil des ans, l'objet a su conserver un certain mythe. En ce sens, je pense à Thurston Moore, membre du groupe américain Sonic Youth, qui publiait en 2005 le bouquin Mix Tape: The Art of Cassette Culture, un «livre de table à café» qui clashe joliment à côté de La Terre vue du ciel. De plus, il faut avouer que pour séduire une fille, un bon vieux mix tape sur cassette (cela va de soi!) a davantage de charme qu'une banale liste sur iTunes… Non? Visionnez (ou lisez) High Fidelity pour vous en convaincre.
J'ai aussi de bons souvenirs de K7. Lorsque j'étais gamin, il m'arrivait le soir d'écouter CIMO 106,1 et d'appuyer simultanément sur PLAY et RECORD sur mon radio cheap pour enregistrer les hits pop du moment, tout en souhaitant que l'animateur ne parle pas trop longtemps, pas par-dessus la chanson. Je me rappelle que ma sour me volait parfois une de mes bonnes cassettes pour l'écouter en cachette car dessus, il y avait du C+C Music Factory et du Richard Marx, son préféré du moment. C'est dur de résister aux classiques.
Coupable de nostalgie
Je n'ai pas fait le saut lorsque j'ai voulu acheter le disque de Pat Jordache (produit par PiedBo Dancing) après son show de samedi dernier au bar Le Saloon de Sherbrooke et qu'on m'a refilé une K7 qui, tout de même, venait avec un téléchargement gratuit des chansons en MP3. Ironiquement, l'enregistrement se nomme Future Songs. Sachant que la formation vient de signer avec la maison de disques Constellation, une version vinyle devrait voir le jour. Et en CD? Qui sait. Rien n'est plus comme avant; les règles ont changé.
Mon ami Alex, le plus grand mélomane de Sherbrooke si vous voulez mon avis, m'a traité de hipster à cause de l'achat de cette K7 (même s'il s'en est procuré une lui aussi). À cette ludique accusation, je plaide la nostalgie.