Avant de se tourner vers 2011 une bonne fois pour toutes (dans le prochain Voir Estrie, on fera un survol de la rentrée culturelle de la nouvelle saison), je vous propose quelques-uns de mes bons et moins bons souvenirs glanés au fil des nombreux shows que j'ai pu voir en 2010.
Voyons ça comme les derniers clous dans le cercueil d'une année culturelle mouvementée.
Une période de questions qui vire mal
Après les pièces de théâtre présentées au Centre culturel de l'Université de Sherbrooke, on y tient habituellement une période de questions; les comédiens reviennent sur scène et répondent au public. En janvier, pour la pièce Pi… ?! de Christian Bégin, presque toutes les interventions des spectateurs dénonçaient la présence d'un personnage anglophone. Cette constance a semblé consterner l'auteur… et avec raison. Foule xénophobe?
Un après-show dans un char de police
À la sortie d'un concert de We Are Wolves à Drummondville, je suis témoin d'une agression: un gros gars tabasse une frêle fille pour ensuite prendre la fuite. En bon citoyen, j'appelle le 9-1-1; la police rapplique aussitôt, malgré la neige de février. Pour faire ma déposition, j'ai droit à un tour sur la banquette arrière d'une auto-patrouille, ce qui est excellent pour ma «rock credibility»!
Le meilleur «petit show»
En mars, l'Antiquarius accueillait un programme double d'artistes méconnus de l'Ouest canadien: We Are the City et Aidan Knight. On ne s'attendait pas à un tel raffinement. Ils ont fait fondre toute la neige.
L'autre belle surprise
Avec la folie Arcade Fire, on a presque oublié que Metric nous a rendu visite en avril. Au Théâtre Granada, Emily Haines a hypnotisé la foule avec les hymnes bien carrés de ses sbires et la petitesse de sa robe. Électrisant!
Heureux dans un sous-sol d'église
En mai, dans le cadre de l'événement Petits Bonheurs, Les Sages Fous, de déjantés marionnettistes, transformaient le sous-sol de la cathédrale Saint-Michel en fond marin pour offrir un divertissement familial de première qualité. La Petite Sirène peut aller se rhabiller.
Du cirque qui change une vie
Au début de l'été, Carnivàle Lune Bleue pliait bagage après seulement quelques semaines d'activités à Bromont. Ainsi, ceux qui ont eu la chance de voir la dernière mouture du spectacle La vie – Le cirque de l'au-delà! qu'y présentait la compagnie Les 7 doigts de la main peuvent se considérer chanceux. Pour moi, ce fut la révélation: les artistes du cirque peuvent eux aussi innover, sortir de leur zone de confort, avec un show politically incorrect, à la limite de l'irrévérence. Malin plaisir!
Le bon concept
Au cour de l'automne, à peine sorti du spa et enveloppé dans une duveteuse robe de chambre, j'assiste à la performance Installations mouvantes de la jeune compagnie de danse contemporaine Mandoline Hybride à BALNEA. Aux beaux lieux les bons concepts.
Un public en feu
Selon Random Recipe, son meilleur show de 2010 fut celui donné en novembre au Boquébière. On peut lire ceci sur le site Web du groupe montréalais: «À souligner: l'homme qui lichait nos visages pendant le show. Plus beau public à vie.» Je confirme.
Le gros malaise
Sur disque, Sean Nicholas Savage a une voix angélique et ses compositions rivalisent avec quelques noms bien en vue de l'indie pop, mais sur la scène du Saloon, les pas de danse de cet énergumène équipé de son fidèle iPod en guise d'orchestre et attriqué comme la chienne à Jacques (pinch doux et «eau dan' cave») m'ont traumatisé au cours du mois de novembre. On en disait du bien et je n'en pense maintenant que du mal.
La chanson francophone à son meilleur
Dans son plus récent spectacle, Damien Robitaille sublime les chansons de son excellent album Homme autonome, tout en charmant petits et grands par un mélange de groove, de sex-appeal et d'autodérision. En décembre, je l'ai vu sur la scène du Pavillon des arts et de la culture de Coaticook. Je fus subjugué de voir danser les adolescentes sur scène alors que les baby-boomers se déhanchaient dans les allées. Il y avait de l'amour dans l'air!