J'suis snob
L’écho des Cantons

J’suis snob

Soyez averti: cette chronique contient des mensonges, des demi-vérités et de l'autodérision. Si c'est trop vous demander que de ne pas tout prendre au premier degré, passez votre tour.

En fait, pour cette chronique, j'emprunte une idée d'un chouette blogue, La Swompe, qui nommait les snobismes capitaux de la critique musicale montréalaise. L'auteur du (très rigolo) billet s'inspirait quant à lui d'une entrée de blogue (tout aussi rigolote) du site français des Inrockuptibles intitulée Les cinq snobismes capitaux du critique littéraire.

Mon idée de départ était de faire le même genre d'exercice, mais pour les Cantons-de-l'Est. Le problème, c'est que la critique en notre région se fait trop rarement, et seulement par quatre ou cinq personnes (idéalement munies de vestes pare-balles).

Ces quelques journalistes (et je m'inclus dans le lot) font-ils preuve de snobisme? Sûrement, mais en dégager certaines constantes serait un exercice hautement hasardeux et réducteur.

Je vous propose donc Les cinq snobismes capitaux de la scène musicale sherbrookoise. Comme ça, si tout comme moi vous faites partie de la faune qui ne se prive pas de voir les nombreux concerts qui passent par chez nous, peut-être que vous allez vous reconnaître…

1- Afficher sa nostalgie du Téléphone Rouge

Depuis la fermeture de ce bar qui accueillait plusieurs shows chaque semaine, on compte les nostalgiques par centaines. En fait, si tout le monde qui dit s'ennuyer de l'endroit l'avait véritablement fréquenté, il serait sûrement encore ouvert…

Bonus: faites l'exercice suivant. Tapez «Téléphone Rouge» et «Sherbrooke» dans Google, et cliquez sur le premier lien qu'on vous suggère. Vous constaterez que la culture prend une drôle de tournure…

2- Préférer la Rive Gauche aux salles de spectacle

Ce bar du centre-ville (du côté est de la rivière Saint-François), il est grand comme mon salon… En fait, il est plus petit que mon salon. Lors de concerts, la proximité a ses vertus, mais il y a des limites.

Le top du snob: «Jimmy Hunt au Boquébière? Bah non… Moi, j'irais plutôt à la Rive Gauche pour écouter un jam-session.»

3- Argumenter que les meilleures places sont à côté du bar

Surveillez le phénomène: ceux qu'on voit régulièrement lors des concerts se tiennent souvent en meute près du bar, complètement à l'arrière de la salle. Mon prétexte préféré: «Le son y est nettement meilleur.» À mon avis, ce positionnement stratégique relève plus de la soif et de la cruise.

Un exemple: au Bar Le Magog, si tu préfères rester dans la section du bar pour écouter le show retransmis sur écran géant, y'a pas de doute, t'es snob (ou t'as un oil sur la barmaid).

4- Snober Misteur Valaire

«Je les préférais à leurs débuts, lorsqu'ils se cachaient le visage au lieu de changer 10 fois de costumes en spectacle.» C'est un classique. Quand un artiste accède au succès après avoir longuement peiné dans les bas-fonds, les snobs lui tournent le dos.

Misteur Valaire peut maintenant remplir le Métropolis quelques fois par année? «Ils sont rendus tellement commerciaux!» … Misère!

5- Prétendre avoir vu les shows que presque personne n'a vus

Certains sont fiers (avec raison) d'avoir fait partie des 50 personnes qui ont vu Patrick Watson lors d'un concert au sous-sol du Café Bla-Bla, alors que d'autres se targuent d'avoir vu Our Lady Peace au Café du Palais alors que le groupe venait à peine d'exploser.

Suggestion snob: vantez-vous d'avoir eu vos billets pour Arcade Fire, non pas pour les shows au Théâtre Granada, mais pour la fois où le groupe a passé bien proche de se produire au Bar Le Magog en première partie d'un groupe torontois, juste après la sortie de Funeral… Le pire, c'est que c'est vrai.

Le snob est toujours là où il fallait être.