L’écho des Cantons

Pas de relâche pour les princesses

Cette chronique aurait pu s'intituler «Du coq à l'âne»…

Tout le monde est malheureux

Sherbrooke, ville étudiante par excellence, change de rythme durant la semaine de relâche. Cette année, celle-ci a débuté sous le signe de la «réconciliation».

Les cols bleus de la Ville de Sherbrooke décident de ne pas faire la grève pour une seconde fois afin de donner une chance à des négociations qui auraient dû se dérouler sous le règne de l'ex-maire Jean Perrault. Les employés du Journal de Montréal acceptent l'offre d'un médiateur (à 64,1 %) après plus de deux ans de lock-out (un triste record canadien). Jean Charest et Marc Bellemare enterrent la hache de guerre en mettant fin aux poursuites et autres procédures judiciaires les opposant. Et pendant ce temps en Libye, malgré le mouvement anti-Kadhafi, un dictateur enclin à la folie jure que son peuple l'appuie à 100 %…

Derrière ces sourires forcés et ces mains qui se serrent, on devine un cocktail de mauvais sentiments allant de l'amertume à la cruauté mensongère. Beaucoup d'anamour dans tout ça. Ça me donne envie de chanter Tout le monde est malheureux de Gilles Vigneault tout en giguant et en tapant frénétiquement dans mes mains. Tam ti de li de lam.

La chanson de l'alphabet

Trêve de pessimisme car, de mon côté, la semaine de relâche a commencé de belle façon avec la fête de ma charmante filleule. Pour ses six ans, elle avait invité ses petites copines à un dîner de fine cuisine: du macaroni au fromage («parce que tout le monde aime ça») et des sandwiches aux oufs décorés d'une face de bonhomme en légumes. Pour le dessert: des cupcakes frénétiquement couverts de friandises (c'est la petite qui les avait décorés).

Le clou de la fête fut un spectacle que j'ose qualifier de spontané. Alors qu'elles étaient toutes déguisées en princesses, une fillette y est allée d'un tonitruant be-bop au piano, une seconde chantait au micro-jouet et les autres dansaient en tournant en rond telles des toupies roses. Le répertoire de chansons rivalisait avec celui de Sylvain Cossette, car le public adulte (des plus réceptifs) a eu droit à I Gotta Feeling des Black Eyed Peas («tou ny ga na bi é goo goo ny…») et à la chanson de l'alphabet («a, b, c, d, e, f, g…»).

Mon cadeau pour la petite fut un concentré de livres. Ses parents la gâtent déjà de ce côté, mais il ne peut jamais y avoir trop de bouquins dans l'environnement de nos enfants. La fêtée a donc développé un gros livre à colorier, deux livres d'histoires et (au risque d'avoir l'air d'un parrain plate) un dictionnaire visuel.

Après le stade princesse, on en fera une intello.

Un club de lecture, un village

Donner des livres à un enfant, c'est bien, mais donner un livre à tout un village, c'est plutôt original.

C'est du côté d'Eastman que cette belle idée a vu le jour. Tous les villageois sont invités à lire une recommandation de Dany Laferrière: Gouverneurs de la rosée, un roman de l'auteur haïtien Jacques Roumain. Une centaine d'exemplaires du livre circuleront gratuitement de porte en porte au cours des six prochains mois. Cette initiative de mobilisation citoyenne se nomme Un livre, un village (www.unlivreunvillage.info).

Oprah Winfrey n'a qu'à bien se tenir avec son club de lecture.