La chambre de commerce m'a eu par le ventre. Je ne suis pas un adepte des réunions matinales, mais le sujet m'intéressait et on promettait un copieux petit déjeuner en préambule à cette table de concertation à laquelle j'ai assisté la semaine dernière. Un café, un jus d'orange et un muffin gros comme un tank plus tard, j'étais prêt à échanger sur l'importance de la culture dans le développement durable de notre région.
Je ne sais pas si c'est symptomatique des Cantons-de-l'Est, mais dans la grande salle du Musée de la nature et des sciences, il y avait beaucoup de gens du milieu culturel et très peu de gens d'affaires. Or, ce sont principalement ces derniers que la Fédération des chambres de commerce du Québec désirait consulter afin de dégager des principes culturels que devraient suivre les entreprises. Peut-être n'étaient-ils pas au courant pour les muffins?
Peut-on reprocher au milieu des affaires de ne pas s'intéresser suffisamment à la culture? Sûrement, mais le reproche peut aussi se faire dans le sens inverse. Et si notre milieu des arts ne faisait pas les efforts nécessaires pour connaître la dynamique des affaires en Estrie? Quand un organisme culturel aborde les entrepreneurs seulement lors de leurs campagnes de financement, il y a maldonne. Un artiste dans un 5 à 7 de la chambre de commerce, ce n'est pourtant pas comme un chien dans un jeu de quilles.
Les artistes font des affaires. C'est d'ailleurs pourquoi la culture contribue à la vie économique de notre région. En plus d'être une force d'attraction (semblerait-il que c'est un argument de vente lorsqu'on désire attirer des entreprises internationales), les arts contribuent à la cohésion sociale, encouragent l'innovation, améliorent la qualité de vie («Sherbrooke, ville du bonheur», ce n'est pas venu du ciel)… Pour moi, ça sonne comme une vieille rengaine, mais beaucoup d'éducation reste à faire afin que la société comprenne les rôles que joue la culture.
Dans le concret, il serait souhaitable que les compagnies estriennes se dotent d'une «politique culturelle». Ça pourrait ressembler à une série d'engagements, comme acheter des ouvres d'artistes d'ici (parce qu'un original, c'est toujours mieux qu'un vulgaire laminé), solliciter l'aide du milieu pour l'organisation d'événements (les artistes de Montréal sont suffisamment convoités), ou faire des partenariats «gagnant-gagnant». Un exemple? En accueillant le Festival des harmonies et orchestres symphoniques du Québec, l'Université de Sherbrooke devient le milieu de vie d'une horde de jeunes musiciens qui risquent bien d'opter pour l'institution lorsque viendra le temps de choisir un lieu d'études post-collégiales. Belle gimmick, non ?
Ces réflexions, je les ai glanées tout en digérant mon muffin. Pour les vraies conclusions, il faudra attendre un forum national sur le sujet, qui aura lieu à l'automne. D'ici là, bons 5 à 7.