Avant de me jeter dans l'arène et de commenter les aléas locaux de la campagne électorale fédérale, j'attendais patiemment que celle-ci prenne correctement son envol, qu'au minimum, tous les candidats sherbrookois soient dévoilés. Après quelques tergiversations, tous les partis ont maintenant leur joueur: Serge Cardin au Bloc québécois, Pierre Harvey au Parti conservateur, Éric Deslauriers au Parti libéral, Pierre-Luc Dusseault au NPD, Jacques Laberge au Parti vert et (le dernier, mais non le moindre) Simon Dr. Crédible Berlingot Landry au Parti rhinocéros. À vous de juger s'il y a plus d'un clown dans la course…
Avec le Bloc qui semble encore faire mouche au Québec pour ne pas plier l'échine à Ottawa, je dirais que Cardin part ici avec une longueur d'avance, surtout qu'il en serait à son sixième mandat en tant que député de Sherbrooke. Qu'elle soit bonne ou mauvaise, difficile de changer une habitude.
Harvey (qui s'impose comme le principal rival de Cardin) l'a bien compris et c'est pourquoi il a commencé les hostilités avec des déclarations frondeuses, presque à la manière du boxeur Jean Pascal. Au lieu de demander à son opposant qu'il passe un test antidopage, il l'a traité de boîte postale. À mon avis, ce fut la première «fausse bonne idée» du candidat conservateur. Par ce coup de gueule, il a su faire parler de lui dans tous les médias, mais il a aussi offert une superbe occasion de réplique au bloquiste (qui en a bien profité, chiffres à l'appui); celle-ci fut tout aussi médiatisée.
La seconde «fausse bonne idée» de Harvey est d'avoir choisi l'aéroport de Sherbrooke comme cheval de bataille. Mis à part une poignée d'hommes d'affaires, qui tient réellement à ce qu'on investisse toutes nos billes dans un aéroport régional? Au cours des dernières années, on a vu passer des scénarios afin de redorer le blason de notre aéroport, mais chaque fois, les conditions gagnantes n'étaient pas réunies. Alors que le candidat conservateur reproche au Bloc et au Parti libéral de n'avoir rien fait dans ce dossier, je suis plutôt porté à saluer leur choix de ne pas avoir misé sur ce qui a toujours eu les apparences d'un éléphant blanc. On attend la preuve du contraire.
Autre «fausse bonne idée» qui émane de cette campagne électorale 2011: tabler sur les médias sociaux. Le Vancouver Sun révélait le 10 avril dernier que seulement un Canadien sur cinq utilisait Facebook, Twitter et divers sites plus traditionnels afin de rester informé au cours de ces élections. Vingt pour cent, ça ne donne pas une majorité en bonne santé. Certains scandent que c'est pour rejoindre les jeunes électeurs, mais l'étude stipule que ces grands utilisateurs de médias sociaux sont ceux qui se mêlent le moins aux débats sur le Web 2.0, visiblement loin d'être une panacée. De plus, cette même étude souligne qu'il ne s'agit pas d'un guide pour les indécis.
En somme, Messieurs les candidats, continuez le porte-à-porte.