La nouvelle Marjolaine
Eastman dans le cour, j'arrive d'une rencontre avec Priscille Gendron, directrice générale de La Marjolaine, afin d'avoir l'heure juste. J'avais cette impression que le théâtre se trouvait dans une position fâcheuse, mais à l'aube d'une saison estivale qui s'annonce faste pour ce lieu de spectacles et de rencontres, force est de constater qu'il n'en est rien.
Ce qui m'avait induit en erreur (et je crois que je n'étais pas le seul), c'est ce bilan plutôt négatif à la fin de l'été 2010 et les conclusions que certains en avaient tirées; un journal quelconque avait alors titré que La Marjolaine était à vendre…
Il aurait été plus juste de parler de restructuration. Depuis, celle-ci s'est concrétisée et la suite s'annonce heureuse. Si Marc-André Coallier demeure propriétaire des lieux (et le «capitaine du bateau»), la DG m'indique que le théâtre La Marjolaine est désormais géré en tant qu'organisme à but non lucratif. Ce changement de statut envoie un message clair: il n'y a pas d'argent à faire avec ce théâtre et l'aide de la communauté était nécessaire pour que les activités continuent. Une relation gagnant-gagnant devait s'établir entre La Marjolaine et tout ce qui anime Eastman (l'administration du village, les Correspondances, les commerçants…).
Plus que jamais, La Marjolaine est un lieu collectif.
Du nouveau sous le soleil
On n'a plus les étés qu'on avait. Au Québec, la situation des théâtres d'été n'est vraiment plus la même depuis quelques années. Il y a beaucoup de spectacles gratuits, de gros festivals, des shows qui coûtent cher… Lors de sa restructuration, La Marjolaine en a tenu compte et c'est pourquoi l'endroit a décidé de se démarquer en se dotant d'un mandat tout neuf: offrir une vitrine aux artistes professionnels de la nouvelle génération.
Sans déplaire aux fidèles de l'endroit, la nouvelle programmation sera beaucoup plus dynamique. Avec un vaste éventail de spectacles, La Marjolaine ne fait plus les choses de manière conventionnelle, et c'est tant mieux. Un tout nouveau public devrait être séduit.
L'humour sera omniprésent. Parfois, ce sera sous la forme de cabarets musicaux (Les Baronettes, à la boîte à chansons Le Piano rouge dès le 15 juin, et Le GOGO show!, l'un des gros spectacles de l'été, du 13 au 30 juillet), mais le théâtre reste à l'honneur avec Enfin duchesses!, une caricature du Québec des années 80 (du 22 au 30 juin), le contemporain et intrigant Théâtre sans animaux (et autres pièces) (du 6 au 9 juillet), et l'autre gros morceau, La folle odyssée de Jacques Cartier (du 10 août au 3 septembre). L'École nationale de l'humour y fera aussi un arrêt les 1er et 2 juillet avec le spectacle de ses finissants.
Ainsi, La Marjolaine ne produit plus un seul spectacle pour tout un été, partageant plutôt les risques avec différentes jeunes compagnies (leur rentabilité dépendra du succès de leur production). Encore une fois, c'est du gagnant-gagnant!
À l'avenir
La Marjolaine mise sur l'avenir. Autre nouveauté qui va en ce sens: un projet de réinsertion sociale chapeauté par l'équipe du théâtre. Priscille Gendron souligne que c'est encore en développement, mais que l'OBNL croit beaucoup en cette vocation qui reçoit l'appui des instances (car les besoins sont grands).
On en revient donc à cette idée que La Marjolaine est un lieu de rencontres. Et si le public répond bien à cet appel estival, que ce soit pour le charmant (et confortable) théâtre ou pour l'ambiance de la boîte à chansons, une programmation automnale pourrait voir le jour… et les rencontres continueraient de se multiplier.