En ouverture du Festival international de musique actuelle de Victoriaville qui se tenait du 19 au 22 mai derniers, le directeur général, Michel Levasseur, soulignait que plusieurs villes québécoises avaient tenté par le passé de ravir l'événement «victorien». Même si cette musique s'adresse à des oreilles «non chastes», sa popularité ne se dément pas. Cette année, sans compter les artistes et les journalistes, environ 4000 mélomanes (dont la grande majorité venait de l'extérieur) ont envahi l'endroit le temps d'un long week-end. Des festivals de niche comme ça, c'est une rare manne et il faut en prendre soin.
Ma façon de chouchouter le FIMAV fut d'y prendre part activement. Je suis un habitué du festival; chaque année, je me permets un ou deux concerts. Mais cette fois, j'ai opté pour un demi-marathon. En 48 heures, j'ai vu 10 spectacles. Voici mes meilleurs moments [pour les lecteurs de ce blogue, il y aura du «déjà vu»].
The Ex
Ce mythique groupe néerlandais est arrivé avec une section de cuivres dans ses valises: Brass Unbound. Beaucoup de changements depuis la dernière visite de la bande (qui roule sa bosse depuis 30 ans). Les plus évidents: un nouveau chanteur et l'absence de la basse. Cela n'a pas ralenti la cadence, car Arnold de Boer est parfait à l'avant de la scène (surtout lorsqu'il a fait lever la foule pour qu'elle prenne d'assaut le parterre) et le sax baryton se charge des basses fréquences avec classe. Avant-punk? Peut-être, mais le tout est souple, sauvage, tribal… et avec leurs chandails assortis, les membres de The Ex ont transformé le FIMAV en camp de vacances.
Erikm et FM Einheit
Les héros de la deuxième journée du festival se nomment Erikm et FM Einheit. Le premier est un platiniste-bruitiste, et le second, un percussionniste adepte des matériaux de construction. Ses outils: un immense ressort qu'il frappe avec un marteau ou caresse comme si c'était une contrebasse, et une plaque de métal sur laquelle il dépose du gravier ou des briques qu'il martèle, détruit… Les beats d'Erikm créent une ambiance industrielle à laquelle le travail de FM Einheit ajoute du tonus, dans le chaos et la poussière. La complicité entre les deux artistes était évidente. Ensemble, ils ont fait de l'alchimie.
Ratchet Orchestra
Samedi au FIMAV, le record du plus grand nombre de musiciens sur scène a été battu grâce au Ratchet Orchestra, un immense ensemble dirigé par le contrebassiste montréalais Nicolas Caloia. En écoutant ce «very very» big band contemporain, j'ai pensé au Festival des harmonies et orchestres symphoniques du Québec, qui avait lieu au même moment à Sherbrooke (et qui fut aussi un grand succès avec ses 9000 jeunes participants). Je trouve que le Ratchet Orchestra constitue un bel exemple pour la jeunesse musicale québécoise, un modèle non ronflant, car il propose un convivial mélange de tradition jazz et de musique actuelle. Charmant hybride.