L’écho des Cantons

Sherbrooke, Capitale culturelle du Canada: quand on veut, on peut

En 2014, Sherbrooke pourrait hériter du titre de Capitale culturelle du Canada. Beau projet. En effet, alors qu'on sera en plein post-partum des Jeux du Canada de 2013, la culture agirait tel un baume sur nos plaies sportives.

«Capitales culturelles du Canada», c'est un concours. Il peut y avoir trois gagnants par année, et le titre vient avec une substantielle aide financière (2 M$ dans le cas d'une ville comme Sherbrooke).

Récemment, la communauté artistique sherbrookoise fut invitée à se mobiliser et à proposer – d'ici le 9 septembre prochain – des projets d'envergure (du genre qui font «Capitale culturelle»). Toute l'information se trouve au sherbrooke.ca/candidaturecapitale.

Aucun doute que les soumissions seront de calibre.

Mais le veut-on vraiment?

Nos élus sherbrookois soutiennent la culture de maintes façons: nos organismes artistiques reçoivent de l'aide, des bourses et des prix sont décernés, des partenariats dynamisent le milieu… Mais est-ce que cet appui municipal en faveur des arts est digne d'une Capitale culturelle?

Lors de la conférence de presse de lancement de l'appel de projets, il fut expliqué que la Ville devra contribuer au financement des festivités de manière importante (25% des coûts admissibles) si le titre de Capitale culturelle lui est décerné. J'ai ressenti un certain malaise lorsqu'on nous a promis que différentes sources de financement (des commanditaires?) aideraient la Ville à acquitter cette somme. Une fière Capitale culturelle ne devrait-elle pas être autonome? Disons que le messager marchait sur des oufs lorsqu'il a souligné qu'en 2014, il pourrait en coûter environ 670 000$ aux Sherbrookois. Pourtant, il ne s'agit là que du minimum pour accéder au titre… Une Capitale culturelle se contenterait-elle du minimum?

«Une dépense en culture, c'est un investissement», soulignait Diane Délisle, conseillère municipale et présidente du Comité de la culture de la Ville de Sherbrooke. Il est à souhaiter que tous nos élus pensent de cette façon, car sans les oillères du néolibéralisme, la culture constitue «le quatrième pilier du développement durable» après l'économique, le social et l'écologique (lu le 21 mai dernier dans le cahier Art et villes du journal Le Devoir).

Au Québec, on assisterait à un retour de la pensée municipale vers le fertile terreau des arts et de la culture. Sherbrooke fait-elle partie des leaders de la mouvance?

Concours ou pas, j'espère que la Ville le veut vraiment, ce titre de Capitale culturelle… Moi, ça me rendrait encore plus fier d'être Sherbrookois.