Faire le tour
En 2011, le caractère touristique de Sherbrooke est joliment affiné, redoutablement efficace.
Au-delà des locomotives que sont l'Orford Express et Le grand spectacle de l'eau – Omaterra (dont la première aura lieu le 5 juillet), j'ai l'impression qu'une espèce de toile d'activités s'est tissée au cours des dernières années et que le temps de la cueillette (de gentils touristes) a enfin sonné.
Mon hypothèse: on a appliqué une stratégie inspirée de la trappe de Jacques Lemaire (alors qu'il était le coach des Devils du New Jersey): tout faire pour retenir les visiteurs dans la zone désirée. [Notez que ceci est ma première et dernière référence au hockey.]
Ici, le volet gastronomique est en pleine expansion (j'en connais qui viennent de loin pour manger dans nos restos) et Sherbrooke demeure une ville de plein air, mais le culturel se trouve au cour de l'offre touristique.
Parmi les incontournables, il y a le Tour de la Cité «Par le Chemin des fresques», qui en est à sa sixième édition. Ce tour guidé théâtral fut le lauréat national «argent» lors des Grands Prix du tourisme québécois de 2007, après avoir été lauréat régional en 2006.
Indigne Sherbrookois que je suis: je n'avais jamais fait le tour. Mais en début de semaine, j'ai pallié ce manquement. J'ai mis mes lunettes de soleil et pris la bus (à Sherbrooke, on dit LA bus).
La petite histoire de Sherbrooke
Une fois en route, je constate rapidement que la petite histoire de Sherbrooke a laissé sa trace aux quatre coins de la ville. Parfois, c'est par un nom de rue (ou même un nom de dépanneur!), mais ce sont surtout les vestiges du passé qui intriguent. Il y a ceux qui sont demeurés intacts, comme la croix du mont Bellevue (qui a fait parler d'elle dans le Times car c'était la plus grande du genre en 1950), et ceux qui ont changé de vocation. Par exemple, le bureau d'information touristique de la rue King Ouest (le point de départ du tour) est une ancienne shop d'allumettes; pas pour rien que l'endroit possède sa propre murale.
Une petite chanson de Clémence DesRochers («Elle est née à quelques rues d'ici!»), un poème de son père, une analyse de l'architecture des résidences du parc Howard («Celle-ci est de style anglo-normand, et l'autre, monumental victorien.»)… Dans le fond, cette virée de théâtre de rue drôlement bien orchestrée est le prétexte à un discours ludique et éducatif sur Sherbrooke, avec des comédiens tout sourire qui ne lésinent pas sur l'humour et la subtilité.
Que les personnages soient fictifs ou déterrés du passé, l'équipe de jeu (la distribution lors de la représentation à laquelle j'ai assisté: Éric G. Langlois, Michel-Henri Goyette, Annie Bouchard et Lysanne Gallant, qui a aussi fait la mise en scène) fait honneur au texte d'Anne Dansereau… et elle sait se revirer sur un 10 cennes. Même lorsque les plus curieux du public (les sempiternels tannants) posaient des questions tordues, les guides-comédiens avaient les réponses.
Sherbrooke n'est plus ce hameau avec deux moulins et une poignée de maisons comme en 1802. Alors qu'on soit résidant ou touriste, il est bien de prendre conscience du chemin parcouru, et le Tour de la Cité «Par le Chemin des fresques» (en représentation du 9 juillet au 25 septembre – tracesetsouvenances.com) rend ça agréable.
Devoir de citoyen? Must touristique? Bah… Allez faire votre tour.