Les hauts et les bas de l’union libre
J'imagine que la dynamique commerçante au centre-ville de Sherbrooke ressemble à celle des autres villes du Québec (dont celles des Cantons-de-l'Est, évidemment), les plus petites comme les plus grandes.
D'un côté, il y a ceux qui veulent faire leur affaire en solo, et de l'autre, on trouve ceux qui valorisent la mobilisation entre commerçants. Avec l'aide de l'algèbre, ça donne à peu près ceci: «Ils sont X qui veulent se battre, contre Y qui ne veulent pas.»
Se battre contre quoi (ou qui) au juste? Dans le cas de Sherbrooke, c'est se démener contre l'inertie causée entre autres par les gros joueurs de la périphérie, comme le plateau Saint-Joseph et tous ses centres commerciaux où l'on trouve de tout sauf un ami.
Face à Goliath (qui doit tout de même jouer un rôle musclé, faisant partie du «pari urbaniste» de la Ville), David doit se montrer plus rusé… d'où l'idée d'une coalition, car plusieurs têtes valent mieux qu'une.
Dans le clan des individualistes, il y en a qui tirent le diable par la queue et qui ne peuvent pas se permettre de contribuer à un projet commun, mais il y a aussi ceux qui ont tellement de succès qu'ils snobent les autres avec une attitude du type: «Pourquoi j'aiderais le centre-ville? Le centre-ville, c'est moi.» J'exagère, mais vous voyez le genre.
Et à Sherbrooke, il y en a aussi qui sont amers, car une telle coalition (la Société de développement commercial – ou SDC – du centre-ville de Sherbrooke) a existé avant d'être «dissoute» en 2007 pour des raisons valables (peu de services aux membres, manque de leadership, cotisation obligatoire et mal adaptée, etc.). Fait intéressant: 20 000$ dorment dans le compte bancaire de la SDC… Drôle de dissolution!
Pourquoi recréer quelque chose qui fut rejeté il n'y a pas si longtemps par une large majorité? Parce que 1) la situation a changé, 2) on peut apprendre de nos erreurs, et 3) il existe de nouveaux commerçants motivés à s'impliquer, qui ont le développement du centre-ville à cour; en début de semaine, ils étaient quelques dizaines de réunis à l'Antiquarius afin de discuter d'une éventuelle coalition 2.0.
Et s'il vous faut une quatrième raison, pensez aux 20 000$…
Tout ce qui monte redescend
«Le centre-ville va bien; ça monte, mais la crainte, c'est qu'on retombe», disait Gilles Marcoux, directeur général de la Corporation de développement du centre-ville de Sherbrooke, présent lors de ce «5 à 7 de mobilisation commerciale». En fait, on peut même considérer que la chute est inévitable pour tout ce qui ne se renouvelle pas. En ce sens, la courbe du cycle de vie d'un «produit» ne ment pas: après la croissance et la maturité, le déclin viendra…
Mais au lieu d'attendre sur leur lit de mort que l'heure arrive, je suis persuadé que les commerçants devraient se retrousser les manches et travailler en équipe afin que la croissance perdure. Leur principal défi: augmenter l'achalandage au centre-ville.
Plusieurs belles avenues ont été proposées lors de ce fameux 5 à 7 afin d'attirer les foules et d'injecter une bonne dose de vitalité économique au centre-ville: animations, promotions, événements, meilleure communication, augmentation de l'offre commerciale, renouvellement des infrastructures… Mais sans la force du nombre, il sera difficile de faire bouger les choses.
On a pu comprendre que peu importe le nombre d'appuis, il y aura une coalition 2.0. Pour l'instant, il s'agira sûrement d'une association volontaire qui devra subir les hauts et les bas de l'union libre. Quant à l'option SDC, elle devrait faire son petit bonhomme de chemin. À suivre…