Encore cette semaine, la grève des cols bleus de la Ville de Sherbrooke a été une généreuse source de rebondissements et d'intrigues. On se croirait presque dans un soap d'après-midi, l'amour en moins.
Mais les événements récents m'amènent encore (et surtout) à m'interroger sur le type de gestion qu'exercent nos élus.
Vendredi dernier, ceux-ci se vantaient des économies réalisées depuis le début du conflit. Principalement grâce aux salaires non payés, 300 000$ de surplus se retrouveraient dans les coffres de la Ville, alors que les braves contribuables doivent subir les légers contrecoups de la grève (fermeture des piscines, des arénas…). Toutefois, en finfinauds qu'ils sont, nos dirigeants n'ont pas encore précisé les dépenses liées à tout le branle-bas de combat légal auquel ils semblent tenir mordicus. Jusqu'à maintenant, ils en sont ressortis bredouilles mais, tel Don Quichotte, ils poussent maintenant leur (lucrative?) audace jusqu'en Cour supérieure (une épopée à suivre en octobre prochain, alors que la cause y sera entendue). Finalement, c'est peut-être payant de combattre des moulins à vent!
Je ne sais pas pour vous, mais ces «économies» ne me font pas du tout plaisir. Ce qu'on épargne sans grande noblesse, j'ai l'impression qu'on devra le dépenser plus tard, et de manière plutôt sournoise. À la fin du conflit (il faudra bien que ça se termine un jour), combien en coûtera-t-il à la Ville pour rétablir un bon climat de travail? Combien de temps faudra-t-il pour que les cols bleus de Sherbrooke retrouvent un minimum de motivation à travailler efficacement? Le calcul est difficile, mais de toute manière, vaut mieux parfois respecter certaines valeurs que de sortir la calculette.
D'ailleurs, ce ne sont évidemment pas toutes les économies qui sont bonnes. Un exemple? Servir de la malbouffe dans les cafétérias scolaires au lieu de repas équilibrés: moins cher, mais c'est la santé des jeunes qui écope. Couper dans le gras ou enfants gras? Pour de petits surplus budgétaires, on hérite parfois de GROS problèmes.
À ce sujet, le site de nouvelles de la station CKOI 107,7 rapportait, le 21 juillet dernier, un commentaire intéressant de l'ex-maire de Windsor, Malcolm Wheeler. Ayant vécu (et survécu à) une grève de 14 semaines des employés municipaux de sa ville en 2006, il conseillait au maire Bernard Sévigny de s'impliquer personnellement dans les négociations au lieu de laisser une firme privée se charger de la sale besogne.
«C'est toujours difficile pour un politicien d'aller s'asseoir et de mettre les cartes sur la table, mais ça pourrait démontrer un signe de solidarité envers le conseil municipal et ça peut effectivement renforcer les relations pour l'avenir», affirmait Wheeler sur les ondes.
Dans son cas, c'est ce qui avait permis de mettre fin au conflit. De plus, l'ex-maire indiquait que Windsor avait longuement jonglé avec les contrecoups de cette grève. Pendant un an et demi, la Ville a eu recours à des services de modération afin de rétablir un semblant de bon climat de travail. De plus, il est sain de se rappeler qu'en 2009, Windsor a subi une seconde (et longue) grève de ses employés municipaux… Pour de petits surplus budgétaires, on hérite parfois de LONGS problèmes!
Le sentez-vous? Un vent de sagesse provient de Windsor. Et cette fois, ça sent bon!