Pour débuter, je me permets un petit retour sur l’événement Sherbrooklyn qui avait lieu la semaine dernière.
Cette deuxième édition comportait un concours qui a permis à une formation locale d’empocher 10 000$. Tching-ching [bruit de caisse enregistreuse]! C’est le groupe lackofsleep qui est reparti avec la cagnotte. Grandement méritée.
Cette conclusion, elle est de type «gagnant-gagnant». La troupe menée par Charles Lavoie (véritable agitateur du milieu musical sherbrookois) pourra manœuvrer la production de son premier enregistrement jusqu’à bon port – on a déjà hâte d’entendre ça –, et Sherbrooklyn aura de nouveaux ambassadeurs, car au rythme où vont les choses, les membres de lackofsleep feront de bien belles vagues au cours des prochains mois.
Les autres prétendants au trône (Greenwood, Alice and The Intellects, David Goudreault et Les Enfants de Cabot) ont tous très bien fait. Pour avoir été du jury, je dirais que Sherbrooklyn se distingue des autres concours en misant beaucoup sur l’aspect scénique. C’est ce que les critères laissaient croire, et ce qui explique (en partie) la victoire de lackofsleep. Avoir de bonnes chansons, de beaux textes et de bons musiciens, c’est super, mais c’est dans la prestance et l’originalité face à la foule que ça s’est joué.
Voilà qui met joliment la table pour les six prochaines éditions du concours (encore avec 10 000$ en guise de carotte), assurées grâce à un partenariat avec CKOI, le grand argentier de Sherbrooklyn.
Ça devrait secouer les puces de notre scène locale pour un bon petit bout… Quand y a de l’argent, y a de l’espoir.
Les méandres d’une industrie en déclin
«Y a pas d’argent. C’est le bordel.»
Cette contrastante réplique, je la pique à Jean-Robert Bisaillon, observateur aguerri de l’industrie de la musique qui tire les ficelles du site iconoclaste.ca. À l’invitation des organisateurs de Sherbrooklyn, il est venu donner une petite conférence devant les participants, entouré de Guillaume Déziel (le «sixième Misteur Valaire») et Dominic D’Anjou (de Rythme FM).
Pour ceux qui veulent plonger dans cette industrie qui ne sait plus comment engendrer des profits, le panel avait quelques conseils (enrubannés d’un certain pessimisme). Pour en faire bénéficier le plus grand nombre, voici quelques extraits remâchés:
– Artiste grand public ou artiste de niche: les stratégies sont différentes. Ce qui marche pour Mario Pelchat ne marchera pas nécessairement pour un artiste de la relève. Et il ne faut pas non plus tomber dans l’apologie du Web. Ce qui a fonctionné pour Misteur Valaire pourra difficilement s’appliquer de nouveau. Le copier-coller est à éviter.
– Puisqu’elles sont là pour rester, les radios commerciales ne sont pas à proscrire, mais il est sage de ne pas trop s’y fier au départ (surtout que d’importantes mutations sont à venir). Pour ceux qui ont la couenne dure, voici le minimum: une qualité d’enregistrement sans reproche, une présentation canon et un appui de la direction musicale ne peuvent jamais nuire. De plus, il faut se rappeler que le chemin de la chanson francophone est beaucoup moins fréquenté (il y a donc plus d’élus)!
– Ne pas signer de relations exclusives à long terme (avec une maison de disques, par exemple). On y va au rendement. Nous vivons une période de tests, de «recherche et développement»; il ne faut pas travailler en aveugle. Heureusement, tout le monde ouvre son jeu pour faire de nouvelles expériences.
– Et il est essentiel d’avoir l’honnêteté de se comparer (dans un concours, par exemple), car il faut commencer par se distinguer de son voisin pour arriver à ses fins.
À l’an prochain, Sherbrooklyn.