L’écho des Cantons

La communauté de La Nef

Un trop-plein d’émotions.

Comme d’autres médias, Voir Estrie a reçu des «courriels-fleuve» de membres du Centre d’arts La Nef et une kyrielle de lettres ouvertes de citoyens qui se disent ébranlés quant au changement de vocation de l’ancienne église de la rue King Ouest à Sherbrooke.

Après y avoir insufflé de l’âme, les artistes devront bientôt quitter les lieux pour qu’on y aménage davantage de bureaux. Après les pinceaux, toiles, pots de peinture, instruments de musique et autres outils de création, ce sera au tour des ordinateurs beiges et des classeurs gris d’occuper l’espace. Triste.

… Mais tout ça n’est pas coulé dans le béton au dire de l’artiste peintre Deborah Davis. Semblerait-il qu’André L’Espérance – propriétaire des lieux et mécène de toute une communauté artistique – ne pensait pas créer de tels remous par sa décision (tout à fait louable) et qu’il est très ouvert à un autre scénario. Lui aussi a La Nef à cœur, et un petit groupe s’organise afin qu’il y ait passation de flambeau. Monsieur L’Espérance en a déjà beaucoup fait; pour assurer la pérennité de cette précieuse vocation artistique, il est peut-être temps que d’autres personnes s’impliquent.

En plus de quelques artistes, ce «comité de relance» comprendra des gens du milieu des affaires; ils sont plusieurs à s’être manifestés. Le Conseil de la culture de l’Estrie a aussi offert son aide. Pourquoi un tel engouement? L’éventuelle fermeture de La Nef a créé une véritable onde de choc, car derrière ce sentiment collectif d’appartenance envers un lieu, on reconnaît tout un débat quant à la place des artistes, à leur rôle en société.

C’est en ce sens qu’une aide sera demandée aux différentes instances, notamment municipales.

Retrouver La Nef

Mais le temps manque. Une fois formée, cette «communauté de La Nef» devra rapidement se définir, établir sa raison d’être. Pour obtenir du financement, il faudra que ça tienne bien la route!

Une mission, La Nef en avait une jadis, mais Deborah Davis nous confirme que celle-ci s’est effritée avec le temps… Depuis quelques années, à peu près n’importe qui pouvait louer un des ateliers de l’ancienne église.

Ainsi, les locataires de La Nef étant tellement bigarrés, cette recherche identitaire pourra difficilement se faire sans heurts. Si – par miracle – l’endroit conserve sa vocation artistique, qui pourra rester? Qui devra partir? D’autres émotions sont à prévoir.