L’écho des Cantons

L’après-Omaterra

Pas le temps de verser quelques larmes (de crocodile) sur les tombes de Monsieur Sprinkler et Madame Purelle, surtout que l’après-Omaterra s’annonce beaucoup plus excitant que prévu.

Samedi dernier, La Tribune nous apprenait que les compagnies circassiennes québécoises Éloize (Rain, Nebbia, iD…) et Les 7 doigts de la main (Psy, La vie, Traces…) se montraient intéressées par la place Nikitotek devenue vacante. Pour ces joueurs majeurs du milieu du cirque, ce lieu de diffusion à l’extérieur de Montréal représente une rare occasion d’atteindre un nouveau public au Québec. Se produire en spectacle dans les grandes métropoles du monde, c’est merveilleux, mais pouvoir le faire également à la maison, on imagine que c’est souhaitable.

Des producteurs locaux se seraient également manifestés pour prendre le relais (dont Lysanne Gallant, la metteure en scène écartée peu avant l’an 1 d’Omaterra). Plus que jamais, Nikitotek a la cote.

Mais ne soyons pas dupes. Tout ce beau monde lorgne par ici afin de bénéficier d’une aide financière liée aux belles (et nécessaires) ambitions touristiques de Sherbrooke. Un «produit d’appel», ça se monnaie.

D’ailleurs, c’est sur le dos du tourisme que les pertes financières d’Omaterra furent justifiées par ses administrateurs. Même si la Ville n’a pas pu récupérer l’argent qu’elle a investi dans le grand spectacle de l’eau, son industrie touristique en serait ressortie gagnante. On veut bien le croire. Toutefois, l’amertume de la population se comprend vu le gouffre qui sépare prévisions et conclusions de l’aventure aquatique.

Mais si les prochains occupants de la scène extérieure sherbrookoise attirent les foules, il faudra bien rendre à César ce qui est à César; on pourra alors considérer Omaterra comme «un mal pour un bien», une première expérience formatrice qui aura pavé la voie pour une suite heureuse.

Héritage culturel

Dans tout ce récent brouhaha post-Omaterra, on n’a malheureusement pas beaucoup parlé d’art et de culture. Au fait, quel est l’héritage culturel du spectacle à grand déploiement? Mis à part la tôle de la place Nikitotek, que nous reste-t-il? À mon avis, très peu de chose.

Après deux ans de soutien financier pour un show destiné principalement aux touristes, peut-être qu’il serait temps d’aider tangiblement le véritable milieu culturel d’ici, de se recentrer sur les artistes professionnels du coin (ceux de La Nef ont besoin de locaux, ceux du CASJB d’une salle adaptée à leurs productions…).

C’est Omaterra qui ne fut pas rentable. Pas la culture. Pour des retombées concrètes et palpables, la Ville devrait davantage investir de ce côté.