Monsieur Denis Hurtubise et Madame Karen Hansen,
J’aimerais vous féliciter pour l’achat de La Maison du cinéma. On ne se connaît pas, mais je vous ai déjà en affection pour vous avoir vus fébriles lors de la conférence de presse qui officialisait la transaction. Mon impression: monsieur Jacques Foisy ne pouvait pas trouver meilleurs porteurs de flambeau que vous et vos fils. Puisque vous œuvrez dans la programmation de films depuis quelque temps, la cause du septième art vous tient visiblement à cœur.
Je suis sûr que vous le savez déjà, mais ce cinéma, il n’est pas comme les autres. Certains disent qu’il a une âme, mais dans mon cas, mon attachement envers «La Maison du cinoche» (c’est comme ça que je l’appelle dans le privé) n’a rien de mystique.
Ayant grandi à Sherbrooke, j’ai de bons souvenirs liés à la plupart des salles de cinéma de la ville. Toutes celles que j’ai appréciées ont fermé leurs portes, sauf La Maison du cinéma.
Je pense avoir vu E.T. à ce qui était le Cinéma de Paris, mais ne pas être resté éveillé jusqu’à la fin (jusqu’à tout récemment, je n’étais pas au courant pour les bicyclettes volantes). Au Cinéma Belvédère, je me souviens avoir été traumatisé par le film Kenny (l’épopée d’un petit garçon qui n’avait pas de jambes, mais un skate). J’ai eu ma première date avec ma première blonde au Cinéma Capitol (c’était un film d’action avec Bruce Willis, mais ne comptez pas sur moi pour vous résumer l’histoire); ce que j’aimais par-dessus tout de ce cinéma, c’étaient les sièges qui avaient deux positions (assis ou presque couché).
Mais c’est à La Maison du cinéma que je crois être devenu un cinéphile. Je me rappelle être allé y voir Léolo en famille. Tout le monde avait détesté, sauf moi. Malgré Ginette Reno qui tombait dans les tomates et les gamins qui maltraitaient des chats, j’avais apprécié l’univers de Jean-Claude Lauzon. Ça m’avait amené à visionner d’autres films d’auteur, à lire sur le sujet. Ça y était: j’aimais le cinéma.
Je suis convaincu que plusieurs Estriens ont vécu ce genre de «révélation» à La Maison du cinéma et que la programmation relevée de l’endroit n’est pas étrangère à la présence de nombreux cinéphiles en région.
Lors de la conférence de presse, j’étais bien content de vous entendre promettre de nouveaux équipements pour moderniser toutes les salles en prévision du passage au numérique, mais j’ai surtout été rassuré de savoir que La Maison du cinéma demeurera la maison des cinéphiles.
Je vous souhaite donc la bienvenue. Longue vie à La Maison du cinéma.