L’écho des Cantons

Ville de débats?

Vendredi dernier, la radio blablatait dans un coin du bureau, mais l’introduction au débat quotidien à l’émission Maisonneuve en direct sur la Première Chaîne radio-canadienne a su me tirer de ma torpeur de mi-journée.

Le sujet du jour (inspiré d’un ouvrage de deux chercheuses de l’Université de Montréal): la personnification de la politique municipale. Des villes seraient obnubilées par des maires qui tirent toutes les ficelles décisionnelles et vampirisent l’attention médiatique. Le principal exemple de l’animateur: Régis Labeaume, maire de Québec. Mais pensons aussi à ceux de Laval, de Saguenay…

Il y aurait refus du débat au sein de plusieurs municipalités du Québec, mais quelques villes furent nommées comme contre-exemples. L’une d’elles: Sherbrooke.

Il est vrai qu’ici, le maire ne s’est pas fait élire grâce à une extraordinaire aura ou à d’obscurantistes manœuvres. Bernard Sévigny est en poste grâce à un programme (celui de Renouveau Sherbrooke) sur la base duquel il sera évalué lors des prochaines élections.

Cela fait-il pour autant de Sherbrooke une ville ouverte aux débats?

Pas dans ma cour

Le mois de novembre nous a servi un excellent débat avec le projet domiciliaire de la rue Moore; les deux clans – les promoteurs et les opposants – proposaient des argumentaires qui tenaient la route.

D’un côté, ceux qui voulaient acheter l’ancienne résidence pour personnes âgées des Sœurs dominicaines des Saint-Anges-Gardiens (et le grand terrain adjacent) pour y construire des tours à condos défendaient un projet collé à la pensée urbaniste actuelle (densification du territoire, évitement de l’étalement urbain…) et aux tendances en habitation (comme le downsizing, phénomène décrit dans La Presse du 19 novembre dernier). Et de l’autre, les résidents du quartier ont fait valoir (par une pétition de 1166 noms d’opposants) le caractère patrimonial du Vieux-Nord et la possibilité d’un dérapage après le changement de zonage de l’un des plus beaux sites au cœur de Sherbrooke. C’est le syndrome «pas dans ma cour», mais (à la défense des signataires) il ne s’agit pas de n’importe quelle cour.

Malheureusement, avec le renoncement des promoteurs, le débat est mort dans l’œuf. Grâce aux procédures que nécessite un changement de zonage, l’opposition citoyenne l’a remporté par K.O. technique.

Il aurait été intéressant que la lutte ne s’abrège pas de cette façon. Pour ma part, j’aurais bien aimé que le comité d’urbanisme de Sherbrooke intervienne dans la mêlée pour jouer le rôle d’arbitre. Au-delà du zonage, quelle était sa position quant à ce projet domiciliaire? Quelles sont les visées qui guident ses décisions? L’occasion était pourtant belle pour dévoiler une vision d’avenir.

Quand les règles du jeu ne sont pas claires, les débats n’arrivent pas à de véritables conclusions. Prêts pour la prochaine bataille?