Il est difficile d’admettre l’échec.
Exemples (servis avec cynisme). Pauline n’a pas perdu dans Bonaventure; le PQ scande tout sourire qu’il a progressé de quelques précieux points de pourcentage (on peut faire dire ce qu’on veut aux chiffres). Le récent bilan environnemental du Canada n’est pas un retentissant fiasco; les conservateurs ne respectent pas l’engagement du pays au protocole de Kyoto car il s’agit d’un vilain «complot socialiste» (c’est Stephen qui l’a dit!).
Tout cela est grossier, mais il n’y a pas que les politiciens qui se faufilent devant la défaite. Nous sommes tous accros au succès, tous allergiques à l’échec.
Dans nos sociétés, le succès est culturel. On aime célébrer nos réussites et on préfère maquiller nos défaites. Depuis le berceau, on nous répète que tout est possible, que nos efforts seront récompensés. Mais est-il vrai que quand on veut, on peut? Foutaise. Avec cette logique, les pauvres méritent d’être pauvres, les riches d’être riches, et l’écart entre les deux camps relève d’une volonté collective.
À mon avis, c’est Geoff Colvin qui a raison: Talent is Overrated. Dans ce bouquin, il avance que plusieurs de nos grands leaders n’étaient pas les plus doués en début de parcours, et que par le fait même, ils ont plusieurs fois connu l’échec.
Dans certains cas, la capacité de résilience vaudrait plus qu’un diplôme car – disons-le sans gants blancs – life’s a bitch.
Et si l’échec faisait partie du programme?
La semaine dernière, Allison Gonsalves donnait une conférence intitulée Mieux échouer à la Galerie d’art Foreman de l’Université Bishop’s. Cette chercheuse de la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université de Montréal abordait principalement l’échec en contexte universitaire (la génération Y veut des A et rien d’autre, sinon c’est le drame!). Selon elle, il faut non seulement mieux échouer, mais il faut le faire plus souvent, et en collectivité.
Au Québec, la problématique du décrochage scolaire nous a amenés à reléguer l’échec aux oubliettes, mais par cette recherche d’absolu (la quête du Saint-Graal de la réussite), peut-être faisons-nous fausse route… Apprendre à rebondir après une rebuffade devrait faire partie du programme.
La réflexion documentée d’Allison Gonsalves est inspirante car elle s’applique à d’autres facettes de la vie, dont les relations amoureuses.
Semblerait-il que les peines d’amour constituent la principale source de dépression chez les jeunes. Mon conseil pour les jeunes cœurs brisés: ne cherchez pas à maquiller votre mal, mais vivez-le mieux, aussi souvent que nécessaire, et en collectivité.
Qui aurait cru. Je suis la nouvelle Louise Deschâtelets.