L’écho des Cantons

Tout s’en va

La réflexion démarre par ce témoignage d’une vieille dame à la radio. Elle a plus de 90 balais, mais demeure dangereusement en forme. Sa vivacité d’esprit laisse croire qu’elle pourra cocher la case de vie «Moi, j’ai un siècle au compteur!».

Ce qui lui manque le plus de sa jeunesse? Le temps. Alors que tous ses gestes s’accompagnent de lenteur (et d’une douleur quasi anesthésiée), elle a dû faire une croix sur les journées bien remplies où elle pouvait sortir voir une expo, lire un livre, jardiner, popoter…

Quand l’élastique du temps est encore souple, tout semble interminable. Je me rappelle que, gamin, je trouvais les journées terriblement longues. Il m’arrivait de demander deux ou trois fois «Quand est-ce qu’on arrive?» lorsque mes parents nous amenaient, ma sœur et moi, au restaurant (à mon anniversaire, on mangeait au Red Lobster). Dans le temps des Fêtes, j’anticipais l’expédition vers Québec ou le Bas-du-Fleuve afin de se réunir en famille, car c’était vraiment trop loin! Mon impatience n’avait d’égale que mon insouciance.

Comme trentenaire, sans dire que je suis à la croisée des chemins, je ne sais plus trop comment aborder le temps. Habituellement, j’adhère à un positivisme du type «tout est encore possible». J’ai l’ambition d’explorer plusieurs options. Je me dis que la vie est longue (et que la science va continuer de nous étirer ça). Mais parfois, je bascule vers de bêtes inquiétudes.

Chose certaine, 2011 a passé beaucoup trop vite.

J’en suis déjà à jongler avec les options quant aux bilans de l’année. Et je n’ai vraiment pas eu le temps de tout lire (même le Perrine Leblanc traîne encore sur ma table de chevet), de tout écouter (un top 5 avec M83, Bon Iver, Beirut, The Pains of Being Pure at Heart et My Morning Jacket, ça aurait du bon sens?).

Mais la vraie question à se poser quant à l’année qui s’achève est la suivante: est-ce que j’en ai assez profité?

Cette semaine, les médias de la région faisaient état du décès soudain de deux hommes. Une collision fatale entre deux véhicules. L’alcool ne serait pas en cause. Un accident cruel, mais banal. Du genre qui peut nous arriver chaque fois qu’on prend le volant.

Par Facebook, j’ai appris que quelques amis connaissaient bien l’un d’eux. Il avait à peu près mon âge. Et à ce que j’ai pu lire, il a su profiter de sa vie.

Même si je ne le connais pas, je penserai à lui lorsque j’entamerai 2012. Et si on en profitait davantage?