En Estrie, l’année culturelle démarre du bon pied, car 2011 s’est bouclée alors que se réglaient quelques délicats dossiers.
Premièrement, on salue le retour du Centre culturel de l’Université de Sherbrooke, de sa galerie d’art et de son Vieux Clocher. Déjà, on a remis les pieds chez l’ami Maurice O’Bready pour la version musicale des Belles-sœurs de Tremblay. Comme si rien ne s’était passé («Grève? Quelle grève?»), le public affichait présent. Rassurant.
Deuxièmement, au lieu de fermer boutique, La Petite Boîte Noire a déménagé ses activités à l’Antiquarius, toujours au centre-ville de Sherbrooke. Si on a d’abord craint que le zèle de la Régie du bâtiment sabre ce petit (mais essentiel) joueur de la diffusion de spectacles en Estrie, le dénouement semble heureux. Même programmation, dans un lieu aux charmes similaires. Combinaison gagnante. Petite Boîte deviendra-t-elle grande?
Mais la meilleure nouvelle s’avère l’entente entre la Ville de Sherbrooke et Les 7 doigts de la main pour présenter le spectacle de cirque Traces l’été prochain à la place Nikitotek. Après le cafouillage d’Omaterra (pour lequel personne n’a vraiment assumé le blâme), ce partenariat m’apparaît réfléchi, digne d’une sagesse retrouvée. Est-ce que ça mérite un toit de 450 000$? Ça reste à voir, mais on n’attire pas les mouches avec du vinaigre. Ce toit pour scène extérieure, c’est le nanane ayant permis d’obtenir un produit d’appel qui a fait ses preuves.
J’adore Les 7 doigts de la main. Psy est un spectacle génial, mais c’est leur show La vie (vu à Carnivàle Lune Bleue à Bromont) qui m’a réconcilié avec le cirque. Il ne s’agissait pas d’une recherche de l’«effet wow» à tout prix. On avait droit à de l’irrévérence, à des talents déployés de manière non conventionnelle (à des kilomètres du canevas usé du Cirque du Soleil) par des artistes qui s’adressaient au cœur et à l’intelligence. Pas surprenant que le très sérieux magazine Time ait placé Traces parmi le top 10 des meilleurs spectacles de 2011!
Est-ce que j’ai hâte de voir ce Traces l’été prochain dans ma cour? Oh que oui.
Mais je me rappelle avoir vu un démoralisant petit vox pop sur les ondes de TVA. La journaliste demandait à quelques quidams ce qu’ils pensaient de la venue des 7 doigts de la main à Sherbrooke, et tous avaient Omaterra en travers de la gorge. Leur enthousiasme s’apparentait à celui d’une carpe.
On est loin de l’étude de marché, mais il est vrai que rien n’est gagné d’avance (surtout quand on pense à la fin abrupte de Carnivàle Lune Bleue à l’été 2010!). Pour renverser la vapeur, Destination Sherbrooke doit continuer à faire preuve de cette nouvelle sagesse.
Pour ma part, j’ai confiance.