L’écho des Cantons

L’enfance des loisirs

La «société des loisirs», vous connaissez?

Alors que les générations X et Y pataugent dedans, un autre phénomène s’observe chez les plus jeunes: l’«enfance des loisirs».

En France, un groupe de recherche s’est penché sur les pratiques culturelles des enfants et des adolescents d’aujourd’hui. La problématique émane entre autres des travaux du sociologue Olivier Donnat: «L’univers juvénile ou adolescent […] est organisé autour de la musique, d’une forte sociabilité amicale et d’un nombre de sorties (cinéma, discothèque…). Il se distingue aussi par le caractère exclusif des goûts et une certaine réserve à l’égard de la culture consacrée: les activités qui sont associées au cadre scolaire, comme la lecture de livres, s’intègrent difficilement dans celui des loisirs.»

Dans un article sur le même sujet, Jean-François Hersent, docteur en sociologie, est plus alarmiste. Il note un recul absolu de la culture consacrée, et celui-ci s’accompagnerait d’un anti-intellectualisme prononcé. Ainsi, nos ados feraient fi d’une culture trop vieillissante à leurs yeux. «Aujourd’hui, non seulement des pans entiers de la culture scolaire héritée des humanités se transmettent plus difficilement aux nouvelles générations, mais le rôle que celle-ci joue dans les mécanismes de distinction tend à diminuer en raison des mutations touchant aux modes d’acquisition des savoirs, à la formation des goûts et à la production des modèles d’excellence, ainsi qu’aux mécanismes de consécration dans les milieux artistiques.»

Par leur exigence du «tout, tout de suite», les jeunes délaissent le livre (qui demande «trop de temps, trop de concentration») au bénéfice d’une culture jetable, portée par «la montée de l’économie médiatico-publicitaire et les nouvelles voies de la consécration sociale». À lire cela, difficile de ne pas penser aux possibles dommages collatéraux d’un Star Académie. Je me demande ce que Biz en penserait…

Le livre numérique sauvera-t-il la mise pour la génération du multimédia? J’en doute.

Au-delà de la lecture, l’apprentissage des «loisirs sérieux» devenant presque une tâche ingrate, l’école et la famille se retrouvent au cœur de ces enjeux de société. «La transmission du capital culturel hérité en capital scolaire, certifié, institutionnalisé, exige un travail spécifique, des investissements éducatifs et un travail pédagogique des parents.»

Et les médias dans tout cela? Doit-on suivre la vague du bling-bling ou conserver un certain sérieux? Je vous laisse deviner mon camp.