Je reviens d’une petite semaine de vacances. J’ai tenté de ne rien faire.
L’air de rien, ne rien faire est une tâche ardue. Guy Delisle, bédéiste récemment célébré pour ses Chroniques de Jérusalem, a d’ailleurs rédigé (et illustré) un guide pratique sur Comment ne rien faire, aux Éditions de la Pastèque. «Comme toute pratique, ne rien faire exige de l’entraînement. Ceux qui l’abordent avec légèreté en retirent des résultats légers.»
On peut qualifier mon score de modéré.
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Alors que je tentais la dolce vita, le Conseil de la culture de l’Estrie témoignait d’un travail acharné pour favoriser le développement culturel de notre région. La semaine dernière, l’organisme lançait ArtRessources.org, et il en a profité pour dévoiler quelques résultats d’une étude sous la forme d’un portrait de la relève artistique en Estrie.
Dans le fond, l’exercice permet de mettre des chiffres sur une réalité qu’on observe (et commente) depuis un bail. Les premiers miles d’une carrière artistique dans les Cantons-de-l’Est impliquent souvent un faible revenu (67% des jeunes artistes subsistent avec moins de 15 000$ par année) et nécessitent de la débrouillardise (69% sont des travailleurs autonomes; 48% cumulent plus d’une profession artistique). De plus, sans que ce soit une mauvaise chose, la reconnaissance des pairs ne s’obtiendrait pas aisément (seulement 40% des artistes de la relève se considèrent comme «professionnels»).
Autre élément que confirme l’étude: l’exode de nos artistes en émergence. Trente-quatre pour cent d’entre eux prévoient quitter l’Estrie au cours des cinq prochaines années. Leurs raisons? La poursuite d’études, le manque d’opportunités de carrière… Alors que Radio-Canada Estrie diffusait récemment deux reportages sur le bouillonnement musical de Sherbrooke, il faut croire que la bonne vapeur (toutes disciplines confondues) s’en va souvent ailleurs.
D’où ArtRessources.org, un site «par et pour les acteurs culturels» de la région. Les artistes vont y trouver des ressources (humaines, physiques, de réseautage et de formation) afin qu’ils puissent s’enraciner ici. Si tous les organismes et individus liés de près ou de loin au monde des arts font l’effort de s’inscrire, d’afficher leurs offres de service (en création, production, diffusion, gestion…), on aura là un outil assez intéressant.
Vaut mieux tenter de créer une synergie que de ne rien faire.