Tous les matins de la semaine, je passe devant un Tim Hortons. Et chaque fois, c’est la cohue. Il y a tellement de voitures que ça crée parfois un petit bouchon de circulation… C’est bête.
J’avoue qu’il est bon, le café du Tim (j’ai d’ailleurs quelques collègues qui devraient soigner une douce dépendance à ce produit), mais ça me trouble de constater que des travailleurs sont prêts à sacrifier 15 minutes (mon estimation) de leur matinée pour une boisson chaude. Étrange gestion du temps. Visiblement, ce n’est pas tout le monde qui est pressé de se rendre au boulot.
J’ai du respect pour un modèle d’affaires qui fonctionne, mais je demeure l’ambassadeur des commerces de quartier. En restauration, je préfère les bannières locales.
En ville, les deux se côtoient et chacun peut faire son choix, mais sur l’autoroute, c’est autre chose.
Dans les Cantons-de-l’Est, on commence à voir apparaître des complexes de restauration rapide aux abords de la 10 et de la 55. On s’arrête pour faire le plein et, pourquoi pas, on ramasse un café, un «petit» Big Mac pour contrecarrer sa faim, et des McCroquettes pour celle des gamins. Vite fait, plus ou moins bien fait.
Cette nouvelle réalité s’accompagne d’un problème. Avant, les touristes, curieux et gens de passage ne se limitaient pas à un seul arrêt dans un de ces «McComplexes». Avant, ils devaient s’aventurer dans les terres, et ils pouvaient découvrir nos petites villes et villages. De nombreux commerces dépendent de ce va-et-vient qui varie au gré de la météo et des saisons.
On peut penser que la clientèle des chaînes de restauration rapide n’est pas la même que celle des petits cafés bohèmes et des commerces à échelle humaine, mais semblerait-il que les deux se ressemblent beaucoup plus qu’on peut l’imaginer.
Mon analyse n’a rien de scientifique, mais Claire Hersberger, copropriétaire de La Desserte à Richmond, dit avoir ressenti un effet direct et dévastateur à la suite de l’arrivée du McDonald’s sur la 55, à la sortie de Melbourne. Heureusement, elle a su diversifier son offre (lisez l’article à ce sujet, un peu plus loin en ces pages).
Un autre complexe du genre est en construction entre Orford et Magog. Commerçants de ce secteur, attendez-vous au pire. Après avoir attendu 15 minutes pour un café, la manne de curieux risque bien de poursuivre sa route sans croiser la vôtre. Triste.