L’écho des Cantons

Le « Disquaire Day »

Le 12 pouces d’Arcade Fire. «Tu vas voir, la pochette est superbe.»

Le 7 pouces de M. Ward. «C’est un side project de Mike Ward?» qu’on me demande à la blague, et moi d’expliquer que c’est le «Him» du duo She & Him, et qu’il vient de sortir A Wasteland Companion (que j’écoute en boucle ces jours-ci).

Un disque du majestueux folksinger The Tallest Man on Earth (même si j’ai déjà tous ses titres sur mon iPod).

Par curiosité (et par une certaine affection pour le bizarre), un «baby pink vinyl» de Mastodon et The Flaming Lips. «Veux-tu également le split de Mastodon et Feist? Ils appellent ça Feistodon.» Oui [sans hésitation].

Et qu’est-ce qui joue dans le magasin? Of Monsters And Men. Instinctivement, j’ajoute le EP Into the Woods, un inédit qui ne se retrouve pas sur leur album My Head Is an Animal. Appelons ça l’effet Beta Band (en référence au film High Fidelity).

Le Record Store Day approche à grands pas (c’est le samedi 21 avril), et quand les mélomanes de l’Estrie passent leur commande d’exclusivités et de raretés au Musique Cité, le dernier disquaire indépendant de Sherbrooke, ça ressemble un peu à ça. Au Québec, ils ne sont qu’une poignée à participer à l’événement né au sud de la frontière, mais le Record Store Day est devenu un incontournable sur la planète musique, surtout depuis qu’il a pris racine de l’autre côté de l’océan. En France, ils célèbrent le «Disquaire Day». (Soupir.)

Mais revenons à Sherbrooke… Telle Pauline Marois (!?), le magasin de la côte King – que plusieurs donnaient pour mort – affiche une très bonne mine printanière. Le retour en force du vinyle y est pour quelque chose; le Musique Cité en propose de plus en plus. Autre explication rationnelle: le retrait progressif des gros joueurs. En Estrie, HMV et Archambault délaissent tranquillement le disque pour se consacrer à «ce qui se vend». Et quand les gros se retirent, le petit en profite.

Mais le Record Store Day de l’an dernier est également à considérer dans l’équation. «Jusqu’à aujourd’hui, ce fut la meilleure journée de vente de l’histoire du Musique Cité.» Et Sylvain Lecours, propriétaire des lieux, espère bien que le scénario se répètera cette année.

En plus d’être une excellente occasion de rendre visite au dernier véritable disquaire de la région, le Record Store Day est porteur d’espoir. Le salut de l’industrie de la musique ne passe peut-être pas uniquement par Internet. Pour avoir continué à jouer leur rôle contre vents et marées, les indépendants sont plus pertinents que jamais.