«Lorsque le vent souffle, même les dindes volent.»
L’expression est consacrée dans les milieux de la finance et de l’investissement (habitués aux envolées de toutes sortes), mais je me l’approprie. En ce «printemps érable», les dindes sont tellement nombreuses dans le ciel que la lumière du jour s’en trouve voilée. Temps gris. Lourd climat.
Cette semaine, je trouvais donc légitime de vous parler d’éthique. Mon intérêt émane d’un article du journal Les Affaires (celui du 12 mai dernier) qui posait la question suivante: peut-on quitter un navire qui coule? Celle-ci s’adressait aux administrateurs de sociétés, mais encore une fois, je me l’approprie. D’une manière ou d’une autre, individuellement ou collectivement, nous sommes tous à bord d’une embarcation qui prend l’eau.
En résumé, il est éthiquement possible pour quelqu’un qui exerce un rôle d’autorité de plier bagage (par exemple, lorsque la culture d’entreprise change drastiquement et qu’on ne s’y retrouve plus), mais partir pendant une crise, ça ne se fait pas. Point barre.
Quitter son poste en pleine tempête, c’est un peu agir comme le commandant du Costa Concordia, ce bateau de croisière qui s’est échoué au large de la Toscane au début de l’année. Malheureusement, pour ne pas avoir assumé son rôle jusqu’à la toute fin, ce capitaine s’est vu accusé de toutes parts. Ajoutons à cela les quelques morts qu’il doit avoir sur la conscience.
«Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités.» Tout comme moi, vous trouvez que ces paroles sont sages? Sachez qu’elles sont de l’oncle de Spider-Man…
J’en étais rendu là dans mes pensées et mes analogies alambiquées lorsque la ministre de l’Éducation a annoncé sa démission.
Depuis quelque temps, on dirait que chaque crise politique mène à la démission de la personne responsable au Parti libéral (avant Line Beauchamp, c’était Nathalie Normandeau pour les gaz de schiste, qui faisait suite au départ de Monique Jérôme-Forget en pleine crise économique nourrie par les déboires de la Caisse de dépôt et placement). Avant qu’il ne soit trop tard, c’est peut-être tout le parti qui devrait plier bagage…
On ne peut pas exiger de nos politiciens d’avoir recours à des superpouvoirs, car ils sont superbement humains, mais un peu plus d’éthique dans l’exercice du pouvoir, ça ne ferait pas de tort.
Et à capitaine Beauchamp, souhaitons qu’elle n’ait aucune mort sur la conscience.
Je poursuis un peu plus loin votre réflexion… C’était Jérôme-Forget, Normandeau, puis Beauchamp, toutes vice-premières minitres si je ne m’abuse, toutes ont démissionné. Peut-on parler symboliquement d’assassinat politique dans ces trois cas? Alors, permettez que je vous fasse part d’un rapprochement qui m’est venu à l’esprit l’autre jour : un conte célèbre de Perreault… Toujours au sens symbolique, Barbe-bleue, notre premier ministre, finit par tuer politiquement ces femmes politiciennes qui osent s’aventurer dans la chambre mystérieuse, trop près du pouvoir? Anne, ma soeur Anne, ne vois-tu rien venir?
Pas tellement grave car ils se retrouvent de belles jobs chez leurs ti-namis du privé corrompu.