Les organisateurs du prix Polaris venaient à peine de dévoiler les 10 albums finalistes pour l’édition 2012 que déjà la Toile québécoise déchirait sa chemise sur les réseaux sociaux. Aucun des quatre disques francophones retenus parmi les 40 demi-finalistes n’a fait son chemin jusqu’à la courte liste. Ainsi, Marie-Pierre Arthur (Aux alentours), Avec pas d’casque (Astronomie), Cœur de pirate (Blonde) et Ariane Moffatt (pour le bilingue MA) ne pourront succéder à Arcade Fire, récipiendaire du prix l’an dernier pour The Suburbs.
Considérant qu’il ne faudra jamais compter sur l’appui des membres du jury hors Québec, seuls les journalistes d’ici avaient le pouvoir de propulser un des quatre albums francos sur la courte liste. On peut donc conclure qu’il n’y a pas eu unanimité chez les jurés québécois, ce qui n’a rien de surprenant. Marie-Pierre Arthur, Ariane Moffatt et Cœur de pirate ont lancé de très bons disques, mais faites le sondage autour de vous, aucune d’entre elles ne semble avoir une réelle portée rassembleuse. Et la relative confidentialité dans laquelle évolue Avec pas d’casque (mon choix!) lui a sans doute nui.
Dans ce contexte, si son mode de scrutin est le moindrement sérieux, la nouvelle catégorie «Album de l’année – Choix de la critique» qu’instaurera l’ADISQ lors de son prochain gala prend toute son importance puisqu’elle est justement réservée aux disques francophones. Un pays, deux solitudes, deux prix. Le Polaris n’a d’ailleurs pas de quota francophone à respecter et n’a pas à inclure parmi ses finalistes un disque en français par charité ou pour simplement éviter les critiques de la Belle Province.
La vraie déception de cette courte liste est plutôt l’absence de Patrick Watson et de son Adventures in Your Own Backyard, l’un des plus beaux gravés parus depuis le début de l’année. Lorsqu’on constate la présence de Drake (Take Care) et Fucked Up (David Comes to Life) parmi les finalistes, l’oubli apparaît incompréhensible. Les jurés canadiens sont-ils à ce point influençables par le buzz entourant Drake à l’international? Sont-ils si impressionnés par le concept abracadabrant et lourd du dernier Fucked Up? Même Metals de Feist fait piètre figure devant Adventures in Your Own Backyard. Un vol!
Cela dit, Cadence Weapon (Hope in Dirt City), Grimes (Visions), Cold Specks (I Predict a Graceful Expulsion), Kathleen Edwards (Voyageur), Handsome Furs (Sound Kapital), Japandroids (Celebration Rock) et YAMANTAKA // SONIC TITAN (YT//ST) méritent leur place dans la courte liste pour l’innovation ou la mélodicité de leurs compositions. Leur présence rend d’ailleurs toute prédiction hasardeuse, mais je mettrais un petit 2$ sur Grimes.
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Selon l’adage «live fast, die young», les membres des Rolling Stones auraient dû mourir d’une overdose dans les années 70, du sida dans les années 80, d’une cirrhose du foie dans les années 90 ou d’un cancer au début des années 2000.
Or, Mick Jagger, Keith Richards et Charlie Watts sont encore vivants, et ce même si personne ne leur prédisait 50 ans de carrière lors de l’enregistrement d’Exile on Main St., une époque où les musiciens baignaient jusqu’aux oreilles dans le sexe, drogue et rock’n’roll.
Bien sûr, le mythe Stones est dû à leurs huit premières années de grâce, une période bénie pendant laquelle la formation a fait paraître les 12 x 5, Aftermath, Beggars Banquet, Let It Bleed, Sticky Fingers et Exile on Main St. Mais l’improbable longévité du groupe rock alimente aussi l’aura Rolling Stones, et fait de ces 50 ans de carrière, célébrées le 12 juillet dernier, un événement majeur.
Même si le quatuor n’a pas lancé un seul bon disque dans toute la deuxième moitié de son existence; et même si Jagger, Richards, Watts et Ron Wood forment aujourd’hui le plus grand groupe hommage aux Stones de la planète, notre intérêt pour les Britanniques se renouvelle dès que l’aiguille se pose sur une de leurs galettes Decca.
Et puisque le journal Voir fait relâche la semaine prochaine, je partirai en vacances avec deux bouquins lancés récemment chez Flammarion. Dans une main, Les Rolling Stones – 50 ans de légende, un livre magnifique de 400 pages incluant plus de 1000 photos et quelques citations des rockeurs; dans l’autre, Dance with the Devil – L’histoire extraordinaire des Rolling Stones, l’incontournable récit du journaliste Stanley Booth qui a suivi le groupe pendant sa folle tournée américaine en 1969. On se retrouve le 2 août pour notre spécial Osheaga.
Pourquoi nommer Watson alors que son disque est une régression vers le style plus commercial de Close to paradise, album déjà récompensé?
De toute façon, cela reste une question de goût et ça ne se discute pas vraiment. Je préfère 100 fois le concept »abracadabrant et lourd » de Fucked Up (qui amène une réelle fraicheur à un style qui fait trop souvent du surplace), aux bidouillages trendy de Grimes (à part Oblivion, Genesis et Be a body, c’est plutôt mince comme galette), par exemple. Si je ne me trompe pas, Arcade Fire a été nommé l’an dernier pour les mêmes raisons que vous prêtez à Drake (buzz international). Décevant pour le côté franco de la médaille par contre.