Qu'on les appelle hasards ou coïncidences, il y a des adons, comme on dit, particulièrement étonnants.
Il y a deux semaines, je communique avec John Londoño, photographe émérite et fidèle collaborateur de Voir, en prévision de la une de ce jeudi. Je suis heureux de proposer le sujet à l'un des meilleurs francs-tireurs de l'objectif en ville, sachant qu'il ne se contentera pas de me livrer un portrait statique et convenu.
Assez vite, John a une idée. "Est-ce qu'il y a des animaux dans ce roman-ci, comme dans L'Histoire de Pi?" Je n'ai alors lu que quelques pages du nouveau Yann Martel, mais j'ai déjà compris que les animaux seront de la partie, oui (il y en a deux sur la page couverture, déjà).
"En effet… Tu penses à quoi?"
John m'explique alors qu'il a récemment visité l'atelier d'un taxidermiste, dans Villeray-Saint-Michel. "Un endroit fascinant, tenu par un type assez étrange", m'assure-t-il. Nous nous entendons aussitôt: il y aura des animaux empaillés sur la une, ça va être extra.
De mon côté, je poursuis ma lecture, histoire de préparer mon entrevue avec l'écrivain, pour bientôt réaliser que l'un des personnages principaux de Béatrice et Virgile est un… taxidermiste. Un type assez étrange merci, ouvrant dans un endroit fascinant.
C'est Paul Auster que ça amuserait, lui qui a écrit des livres entiers autour des concours de circonstances.
Toujours est-il que nous nous souviendrons longtemps, John et moi, de cette session photo bien particulière, parmi les orignaux, les sangliers et les lions, avec un écrivain médusé qu'on l'ait pris à ce point au pied de la lettre…
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C'est donc Yann Martel et cette petite faune qui nous accueillent dans l'édition rentrée de Voir. Image appropriée, je trouve, à cette période de l'année où les programmations des théâtres, cinémas, éditeurs, galeries et maisons de disques ont quelque chose d'une jungle dans laquelle on cherche nos repères, ne voulant rien manquer des fruits de l'automne artistique.
L'Opéra de Quat'Sous au TNM, Incendies de Wajdi Mouawad selon Denis Villeneuve, les livraisons 2010 de Jean-François Beauchemin ou Jérôme Minière, Otto Dix au MBAM… La piste est belle jusqu'à Noël, et nous comptons bien, comme nous le faisons depuis bientôt 25 ans, vous aider à y voir clair.
Avertissement: nous avons opté pour une rentrée de nature très éditoriale. Pas de liste d'épicerie des mille et un trucs à ne pas rater, mais bien quelques incontournables de la vie culturelle montréalaise.
Nous avons oublié quelque chose? Vous n'êtes pas d'accord avec ci ou ça? Faites-vous entendre sur voir.ca, vos commentaires et suggestions nous aident à mieux faire notre boulot.
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Parlant de rentrée, c'est aussi le grand retour de Voir télé, qui reprend l'antenne à Télé-Québec à compter du mercredi 8, 21 h. Animée cette année encore par l'électrique Sébastien Diaz, notre édition cathodique sera de nouveau, nous l'espérons, le lieu d'une lecture différente, mordante, de l'actualité culturelle.
À surveiller cette semaine, le passage du comédien français et arnacour Romain Duris, la chanteuse Martha Wainwright, une virée dans les coulisses du Festival de musique émergente en Abitibi-Témiscamingue et Yann Martel, il va sans dire, avec lequel nous tenterons d'établir à quel point l'homme descend du singe.