Il était une fois Montréal
Mots croisés

Il était une fois Montréal

Septembre 2813. Les fouilles sous-marines menées là où s'étendait autrefois la métropole appelée Montréal vont bon train, malgré les difficultés techniques. Le site ne se trouve qu'à 200 mètres de profondeur, mais une boue dense a depuis longtemps tout recouvert.

C'est un à un que sont dégagés les immeubles et artéfacts de la cité engloutie, dont on croit qu'elle fut un centre parmi les plus effervescents de son temps.

Il y a quelques jours, on a dégagé ce qui a toutes les apparences d'être ce que nos ancêtres appelaient "viaduc". Les viaducs étaient des ouvres ornementales de dimensions importantes, sortes de fresques développées à même de larges piliers de béton.

Communément appelées graffitis, ces réalisations graphiques représentaient par exemple des paysages oniriques, des personnages issus de la faune urbaine ou encore se limitaient à des mots écrits en caractères larges, de couleur presque toujours vive, dans une langue souvent indécodable.

Un document retrouvé récemment, daté de septembre 2010, nous en apprend davantage sur le phénomène. Sous le titre Le Viaduc Van Horne: ouvre d'art, ledit document fait état de cinq artistes graffiteurs ayant travaillé de concert à une création encouragée par la municipalité, les 11 et 12 septembre de cette année-là, ce qui laisse croire que ces ouvres, qu'on devine très prisées des citoyens, étaient régulièrement réalisées à plusieurs mains. Ou encore qu'elles étaient, comme dans les ateliers florentins d'il y a 13 siècles – on se souvient des trouvailles récentes à ce sujet -, accomplies par un petit groupe d'apprentis particulièrement doués sous la supervision d'un maître.

Aussitôt appelée par les spécialistes Le Viaduc Van Horne, la fresque représente l'un des plus beaux viaducs découverts à ce jour. On parle déjà de le remonter à la surface, par segments, pour l'exposer dans un grand musée continental.

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Les archéologues s'intéressent de près, par ailleurs, à une série de documents faisant mention d'une certaine révolution "tranquille" [sic], une phase de profonds changements qu'aurait connue le Québec (un territoire dont Montréal était la plus grande ville et qui correspond à peu près à la zone continentale 5b d'aujourd'hui) durant les années 1960.

Il s'agirait d'une rare parenthèse dans la longue histoire de l'obscurantisme religieux. De société agricole repliée sur elle-même et maintenue dans l'ignorance par l'Église catholique (cf. "Église romaine"; "Jésus-Christ"), le Québec serait en quelques années devenu profondément ouvert sur le reste du monde, développant une culture propre et des institutions dégagées de l'emprise des chefs religieux.

Ce type de mouvements sociaux anciens, dont la plupart des traces ont disparu lors de la grande brouille informatique de 2421, captive les historiens au plus haut point. Nous serions entre autres devant le seul exemple recensé de révolution n'ayant pas engendré un bain de sang. Mais l'affaire semble si peu probable que des recherches plus poussées ont cours, basées en outre sur une série remarquablement bien conservée de "disques compacts", appelés aussi "CD" (support physique employé par nos ancêtres pour stocker des fichiers audio), consacrés à cette période faste ayant fait entrer le Québec dans la "modernité" (les historiens ne s'entendent pas sur le sens à accorder à ce terme).

Titrée La Révolution tranquille – L'Éveil du Québec, cette série présente des enregistrements d'un grand intérêt, entre autres des entrevues avec les principaux acteurs des bouleversements d'alors.

À cette découverte s'ajoute celle, dans une chambre étanche appartenant sans doute à un collectionneur averti, d'un exemplaire d'un journal au titre pour le moins laconique, Voir, dédié aux actualités culturelles de l'époque. Daté du 16 septembre 2010, ce journal comporte un article d'un certain Philippe Couture, lequel y rend compte d'un entretien réalisé avec Jacques Godbout, qui semble occuper une position sociale pouvant être rapprochée du sage dans nos structures actuelles.

Cinq décennies après les faits, les deux hommes discutent du fragile héritage de cette énigmatique révolution "tranquille".

Pour plus d'information sur ces récentes découvertes, on peut consulter le www.ville.montreal.qc.ca/plateau ainsi que le www.boutiqueradio-canada.ca.