Exercices d’échauffement pour la langue
Contrairement à bien d'autres, je n'ai jamais vu la lecture du dictionnaire comme une punition ou une condamnation à bayer aux corneilles. En termes d'émotions fortes, de découvertes et de rebondissements, certains d'entre eux valent bien des romans.
Le Dictionnaire culturel en langue française d'Alain Rey, par exemple. Cher à l'achat (autour de 350 $) mais long en bouche, il propose rien de moins que de transformer chaque mot en une porte ouverte sur les cultures du monde, en montrant que la signification de ce mot a changé constamment, au gré des époques et des régions du globe.
Pas la peine de vous dire que les entrées "musique", "danse" ou "sacré", dans un tel dico, représentent tout un voyage.
Parmi mes préférés, il y a aussi le Dictionnaire du corps, fascinant ouvrage qui, en cette époque du culte de la jeunesse et de l'apparence, provoque une belle réflexion sur l'être et le paraître, le bien-être et le plaisir, la jouissance, la souffrance. Dans cette bible de l'enveloppe charnelle, on se passionne pour des chapitres dont les titres vont de Tatouage, piercings et autres marques corporelles à Les tribulations du prépuce.
Je pense comme vous, les dictionnaires ne sont plus ce qu'ils étaient…
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Depuis quelques jours, j'ai le béguin pour Le Petit Dictionnaire des québécismes, de François D'Apollonia. En répertoriant quelque 3000 termes et expressions qui sont soit des mots propres au parler québécois, soit des mots connus ailleurs dans la francophonie mais qui ont une autre signification ici, ce linguiste et fou des originalités de notre langue confirme la vigueur de celle-ci et ses colorés apports au français.
Au-delà des trouvailles que l'on y fait, de tels dictionnaires sont l'occasion d'un jeu savoureux. Très simple et exxxtrêmement divertissant, comme dirait mon morning man préféré. Règle numéro 1: on y sélectionne une vingtaine de mots et de formules au hasard. Règle numéro 2: on construit avec ceux-ci une petite histoire, sur un thème déterminé à l'avance.
Bon, d'accord, je me mouille.
Sur le thème des écoles passerelles, tiens, question d'avoir un pied dans l'actualité:
"Il fallait être un peu bozo pour croire que le show de boucane et les sparages d'un gouvernement fin finaud allaient suffire à faire revoler jusque dans les boules à mites notre amour de notre parlure, qui n'a rien contre celle des autres mais qui sait avoir besoin, pour ne pas s'écrapoutir, de lois qui ont des dents. Vous nous traitez d'obstineux, de ronchonneux, vous nous accusez de grimper dans les rideaux? Pantoute, c'est simplement refuser de la voir maganée, notre langue, refuser de se faire passer un sapin. Plutôt que de simplement la trouver plate, d'aller se paqueter à la robine en braillant et de ne pas voir qu'un pouce de perdu aujourd'hui, c'est un arpent de perdu demain, nous préférons rapailler nos forces et bardasser un peu s'il le faut, parce que c'est nous enfirouaper que de dire d'un côté que l'on ira moins à l'école en français, et de l'autre que tout est diguidou."
Excusez-la.
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Dans cette édition, nous faisons écho à de nombreux créateurs qui font chaque fois des mots quelque chose de neuf. En couverture, derrière les belles frimousses de Catherine De Léan et Geneviève Schmidt, deux des interprètes de la pièce Thérèse et Pierrette à l'école des Saints-Anges, c'est toute l'ouvre de Michel Tremblay qui se profile, dont on n'a pas à dire combien elle a contribué à l'affirmation d'un parler bien d'ici.
Dans un autre registre, MC Gilles nous parle de son album Les Grands Classiques, qui rassemble en un projet réjouissant des couplets souvent snobés de notre chanson.
Aussi dans nos pages, Jean-Thomas Jobin, l'homme fort de l'absurde québécois, et le jeune as de la langue Mathyas Lefebure, qui vient de publier un deuxième roman dont on dit la langue splendide.
Je ne sais pas si ces artistes-là rejoindront un jour Michel Tremblay dans les pages du Petit Larousse, mais en attendant, on les remercie d'empêcher le français de radoter.
Dictionnaire culturel en langue française, sous la direction d'Alain Rey, Éd. Le Robert, 2005, 9600 p.
Dictionnaire du corps, sous la direction de Michela Marzano, PUF, 2007, 1055 p.
Le Petit Dictionnaire des québécismes, de François D'Apollonia, Éd. de l'Homme, 2010, 368 p.
BONJOUR TRISTAN!
les astuces de la langue française:bayer aux corneilles.excuser moi,mais je suis allée vérifier ,moi aussi au dictionnaire,ce verbe qui me semblait bizarre à mes yeux.et oui,c,est la bonne orthographe.
merci de m,en apprendre!
Pour le reste du texte,je suis restée sur ma faim.je pensais que vous nous exprimeriez quelques expressions typiques ,issues de plusieurs régions du Québec.
je pourrais moi aussi vous partager celles venant d’Europe,de la Belgique,plus précisément.
à suivre,bonne semaine!
jeretire ce que j,ai dis,concernant votre texte,que j’étais restée sur ma faim.
j’ai manqué un bout de l’histoire. je devais être dans les patates,mais pas paquetée à la robine,loll.
c »était une belle histoire à la sauce Québécoise.
je vais rapailler mes forces pour vous lire en entier la prochaine fois!