Et la ville avale le soleil

Il est pas mal ce début d'été montréalais, non?

Entre des soirs francofous et des nuits blanches sur tableau noir, entre l'ouragan Gaultier qui vient de s'abattre sur le MBA et un Grand Prix d'anthologie (mes excuses Amir, j'ai toujours été gaga de ces bolides), elle est bien lancée la saison chaude.

À ceux qui ont encore le cour au gris, ceux que les rayons n'ont pas encore touchés, une médication: tendez donc l'oreille à L'été de Philippe B, tiré de son très inspiré Variations fantômes.

On ne dira jamais assez combien quelques notes bien enfilées savent faire tourner les saisons.

Et déjà dans le ciel
Une fille déshabille Montréal
Et la ville avale le soleil

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Ledit Philippe a d'ailleurs signé l'un des plus beaux moments des récentes FrancoFolies. Enfin, c'est ce qu'on dit. En première partie de Jérôme Minière (je ne sais plus pour quelle raison j'ai manqué ce spectacle, mais ce n'était pas une bonne raison), le comparse de Pierre Lapointe a servi ses morceaux dans leur plus simple appareil. Du bonbon, paraît-il.

De mon côté, j'ai tout de même attrapé plusieurs francofruits. Betty Bonifassi, Laurence Hélie, Mara Tremblay, un bout d'Adamus et ses potes… Et bien évidemment la version scénique de 12 hommes rapaillés, que je m'étais interdit de rater. Je sais, nous avons déjà accordé pas mal de place en nos pages à ce projet, mais permettez-moi d'ajouter que d'entendre la poésie de Miron livrée sur les planches par autant de grandes voix, soutenues par un band tout sauf accessoire piloté par Louis-Jean Cormier, ça vous secoue en profondeur.

Batèche que c'était bon.

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Place au jazz, maintenant. Dans cette édition, vous trouverez un avant-goût du régal qui se prépare. À commencer par le surdoué Tigran Hamasyan qui, si notre couverture le montre grimpé sur son instrument, les bottes enfoncées dans le clavier, est loin de jouer comme un orteil.

Stanley Péan nous propose une riche discussion avec l'animal, où ce dernier se montre à la fois respectueux de la tradition et prompt à lui faire une jambette.

Observation personnelle: tandis que Philippe B frotte ses morceaux country/folk à des échantillonnages de chefs-d'ouvre d'hier (Vivaldi, Ravel, Satie), le pianiste arménien explique ne pas hésiter à dévergonder un peu le jazz en le promenant sur les terres du rock et même du heavy métal.

Il faut croire que l'avenir et le passé ont du mal à se passer l'un de l'autre.

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Pour les plus jeunes, l'été ne commence vraiment que cette semaine, avec le retour du plus-vite-que-l'éclair Flash McQueen.

Je laisse ma collègue Manon Dumais vous donner un avis professionnel sur le plus attendu des films jeunesse de l'année, j'y vais simplement d'un petit témoignage: depuis que mon Marius de quatre ans et moi nous sommes faufilés dans une projection de presse, en début de semaine (projection à laquelle assistait Jacques Villeneuve en personne!), je n'entends plus parler à la maison que de Francesco la F1 italienne, Shiftwell la voiture mauve qui vole et de ce bon vieux Mater, qui a décidément plus d'un tour dans sa carrosserie.

Heureusement qu'il est bien foutu ce Bagnoles 2, parce que je m'attends à ce qu'il s'incruste bientôt sur le plateau de mon lecteur DVD.

Et c'est Amir qui sera content: on y suit un nouveau championnat où les voitures roulent au carburant bio.

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Je termine cette chronique légère comme un gin fizz en levant bien haut mon verre à mon collègue Christian Saint-Pierre. Depuis presque huit ans, dont quatre à titre de chef de section Arts de la scène, Christian offre à nos lecteurs une couverture exigeante et passionnée de ce qu'il faut voir – ou ne pas voir! – sur nos planches.

En choisissant de relever de nouveaux défis, en outre la direction de la réputée revue Jeu, Christian va laisser un vide. Vide à l'écrit, vide à l'écran (il tenait aussi, avec brio, la chronique scène de Voir télé); vide aussi dans les bureaux de la rédaction, où il était un compagnon de travail rieur et attachant, prompt à partager ses coups de cour, que ce soit pour une pièce d'avant-garde, pour le plus récent tube de quelque diva pop ou pour un thé rare cueilli dans une contrée lointaine.

La nature ayant horreur du vide, celui-ci sera comblé, d'une manière ou d'une autre. The show must go on, il en est ainsi. Or aujourd'hui, ce sont les mots de Brassens qui me viennent à l'esprit: "Cent ans après coquin de sort / il manquait encore".

Tu as marqué ce journal, Christian. Il y aura un avant et un après.

Bon vent à toi!