Mots croisés

Un lapin dans le chapeau

Autour de moi j'entends les bruits habituels. Sonneries de téléphone, échanges à voix basse, cliquetis des claviers. Les bruits sont habituels mais plus espacés, plus feutrés, on y sent moins d'urgence.

Rien n'est plus calme qu'une salle de rédaction en juillet. Surtout quand on ne se spécialise pas dans les accidents de la route ou dans les feuilletons de vieux vicieux aspirant coûte que coûte à l'Élysée.

Il y a toujours quelque chose à surveiller en ville, une sortie cinéma, un concert. Montréal ne dort jamais, c'est connu; elle n'est jamais tout à fait en vacances. Mais la haute saison semble bien loin. Septembre, octobre, février, mars, ces mois où l'on pourrait remplir trois journaux de choses à faire et à voir, chaque semaine.

Aujourd'hui par exemple, l'émotion la plus forte de la journée, dans une salle de rédaction où d'ordinaire résonnent sans arrêt les «avez-vous vu ça?» et les «stop the press!», nous aura été donnée par un sujet fort peu journalistique: un lapin.

N'ajustez pas votre appareil.

Avant de partir en vacances, notre cher éditeur avait emmené au bureau les deux lapins de sa fille, avec enclos démontable et liste de directives pour le babysitting des bêtes (bunnysitting?).

Vous avez bien lu. Notre lieu de travail avait, depuis quelques jours, un charmant petit air de fermette.

Seulement voilà, un incident est si vite arrivé. Porte entrouverte, moment d'inattention, saut en hauteur? Mystère. Toujours est-il que l'un des deux spécimens a pris tout à l'heure la poudre d'escampette.

Émotion, théories des uns et des autres, investigation à quatre pattes. Tout le 7e étage du 355, Sainte-Catherine Ouest est sens dessus dessous.

À défaut de guetter la super nouvelle qui ne vient pas, mes collègues et moi guettons donc, tels des chasseurs du dimanche, la boule de poil qui pourrait bien fuser entre nos jambes.

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La routine estivale sera bientôt brisée par quelque chose d'encore plus sportif que la chasse au lapin. Du 7 au 24 juillet, à l'occasion de Montréal complètement cirque, la ville deviendra une vaste piste pour des centaines d'acrobates, de dresseurs, de clowns et autres saltimbanques.

L'année dernière, j'avais profité de la première édition de Montréal complètement cirque pour retracer – en style libre – la petite histoire du cirque, en remontant jusqu'aux jeux romains du 6e siècleav. J.-C. Histoire pleine de rebondissements, sans jeu de mots, le cirque ne devenant un divertissement qu'après avoir été associé à des manifestations rituelles et religieuses, puis disparaissant parfois pendant des décennies avant de revenir en force, réinventé.

À travers Montréal complètement cirque, an 2, nous aurons sous les yeux à la fois le passé et le futur du cirque, la plupart des troupes fouillant les traditions circassiennes pour mieux s'en affranchir.

Nous consacrons ces jours-ci plusieurs papiers au festival et à ses artistes. Les électriques Australiens de Tom Tom Crew, C!RCA et son univers ultrasexy (notre une de la semaine), «nos» 7 doigts de la main et leur cabaret fou. Autant d'invitations à vivre un rendez-vous appelé à devenir un incontournable de la planète cirque.

Et qui sait, on y trouvera peut-être, au fond d'un chapeau, le lapin du boss…