Les discussions n’ont pas été longues quand j’ai proposé à la rédac, en début de semaine, d’épingler un carré rouge virtuel à la une de ce jeudi. L’unanimité faisait plaisir à voir.
Quant à Guy A. Lepage, il ne devrait pas trop nous en vouloir de partager la page couverture avec le symbole du soutien à la mobilisation étudiante, lui qui appuie publiquement le mouvement. Tout comme les très nombreux artisans du milieu du cinéma qui arboraient le rouge à la soirée des Jutra, dimanche dernier.
Avis à ceux qui croyaient le contraire: le Québec de 2012 ne dort pas au gaz. Les seuls à dormir au gaz – à moins qu’il soit de schiste, of course -, les seuls qui ne mesurent pas l’importance de ce qui est en train de se jouer, ce sont une fois encore les ténors du gouvernement. La fin de non-recevoir qu’ils opposent aux quelque 160 000 étudiants en grève (le chiffre augmente de jour en jour) frise l’autisme.
Je dis «les seuls à dormir au gaz» parce que, même parmi les citoyens, et ils sont assez nombreux, pour qui une hausse des droits de scolarité demeure une option, il y a en général un début d’argumentaire, voire une ouverture au dialogue. De la part du gouvernement, silence radio. Pas question de bouger d’un iota.
Si la question de fond est grave, le signal envoyé aux étudiants l’est tout autant. On leur dit, en substance: «Rentrez chez vous, les jeunes, ça ne sert à rien ce que vous faites…» En sous-titre: l’espace public ne vous est pas fermé, mais prière d’y parler à voix basse.
Heureusement, ça ne mord pas. Il faut dire qu’on a déjà vu ce gouvernement, il n’y a pas si longtemps d’ailleurs, s’entêter comme un enfant de 3 ans pendant des mois avant d’entendre raison.
Ça ne mord pas, donc, et le 22 mars devrait en fournir une spectaculaire illustration. Paraphrasons Kennedy, le temps de dire à celles et ceux qui préparent cette manif monstre que ces jours-ci, «nous sommes tous des étudiants».
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Au passage: connaissez-vous greve2012.org? À cent lieues d’une antenne destinée aux têtes brûlées et aux casseurs, le site répertorie, dans le calme et l’intelligence, articles, témoignages, photos et autres documents montrant les tenants et aboutissants de la lutte en cours. Coup de chapeau.
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Parlant de Québec qui bouge, il y en a un qui, sur papier du moins, n’hésite pas à le faire bouger beaucoup. Dans Voir Québec et mourir, un roman qui arrive en librairie le 15 mars (Hurtubise), Jean-Michel David imagine un troisième référendum sur la souveraineté, déclenché par un PQ revenu au pouvoir.
Vous vous en doutez, ce référendum verra le OUI l’emporter, avec 52,6% des suffrages exprimés, déclenchant une guerre ouverte entre Georges Normandeau, premier ministre du nouveau pays, et Jonathan Roof, son homologue canadien.
Roof ne lâche pas le morceau, à tel point que le Pierre Elliott Trudeau des mesures de guerre fait figure, à côté, d’un enfant de chœur. Ça pète bientôt de partout dans l’ex-province, même qu’on entrevoit une deuxième bataille des plaines d’Abraham…
Vous trouvez les rues de la ville agitées actuellement? Le livre de David va vous réconcilier avec l’actualité.
Plus sérieusement, j’ai passé un bon moment à considérer comme irresponsable ce thriller, par ailleurs truffé d’inexactitudes et d’exagérations. Ce qu’on y lit, c’est ni plus ni moins la vision la plus catastrophiste d’une éventuelle transition vers l’indépendance.
Puis je me suis rappelé toutes les fois où j’avais hurlé en entendant les bien-pensants de ce monde soutenir qu’il valait mieux ne pas aborder, en littérature, certains sujets sensibles. Étais-je en train, à mon corps défendant, de reproduire le triste schéma?
J’irai plus loin: n’est-ce pas somme toute réjouissant de voir l’avenir du Québec revenir au centre des préoccupations des uns et des autres, que ce soit à travers les marches étudiantes ou une fiction politique, aussi débridée soit-elle?
Pas fort ! Primo, lutter contre quelqu’un ou quelque chose, en l’occurrence, le gouvernement, c’est lui donné raison en plus de lui permettre de raffiné ses armes. Deuxio ; la gratuité n’existe pas et n’a jamais existé dans un état autrement que par l’assistanat, payé par les contribuables. Le gouvernement emprunte et « investit des milliards de dollars par année pour contrôler l’opinion publique ». » L’éducation est système d’ignorance imposée » – Noam Chomsky. Les taxes, les impôts, les contraventions servent de paravent à cette gratuité illusoire. Troisio ; revendiquer la gratuité scolaire c’est admettre que seule l’école traditionnelle serait la planche de Salut pour notre bonheur. Débat stérile s’il en est un !
Cher monsieur, je n’ai jamais, ni ici ni ailleurs, défendu le principe de la gratuité scolaire.
Bon texte, M. Malavoy-Racine. Un petit bémol toutefois, bien que j’aie souri face l’analogie, en comparant le gouvernement aux autistes, vous insultez ces derniers… Les autistes, eux, sont créatifs et attachants. ;)
Excellent point. L’analogie est, au fond, bien trop flatteuse pour le gouvernement…
Plus sérieusement: mes excuses à ceux qui y auraient vu quelque chose d’offensant.
Excellente remarque sur les autistes, Karine :)