Montréal a enfin son festival de pop indépendante. Du 26 au 29 septembre dernier, la ville a vibré au rythme de la première édition de Pop Montréal, un événement qui tente de rassembler, en quatre jours bien tassés, la fine fleur du nouveau rock d’ici et d’ailleurs.
D’accord, vibrer est un bien grand mot et l’événement ne peut encore prétendre rivaliser avec le South by Southwest d’Austin (ou son cousin de Toronto, le North by Northeast) et encore moins avec le fameux CMJ Music Marathon de New York. Mais pour une première édition, montée en catastrophe en quelques mois à peine, Pop Montréal a étonné par son sérieux et son ampleur. Il faut dire que Peter Rowan, l’initiateur de la chose, est bien rompu aux exigences d’un tel événement, après avoir vu aux destinées du Halifax Pop Explosion pendant quelques années.
Bien sûr, on a commis quelques erreurs de programmation: ainsi, dimanche soir, on a pu voir les Marmottes Aplaties (formation pourtant assise sur de solides fondations depuis l’arrivée de son nouveau batteur) dans un Club Soda aux trois quarts vide tandis qu’Interpol, l’un des groupes les plus (exagérément) hypés de l’heure, a dû se contenter d’un minuscule Jupiter Room archi-bondé. Mais ce ne sont là que des accrochages mineurs. À notre grande surprise, Pop Montréal n’a pas connu d’annulations majeures ni de dérapages, et a réussi à attirer quelques noms assez vendeurs pour faire salle comble (Blonde Redhead, Interpol, Arthur H). Mieux encore, il a su offrir une palette très représentative du rock local, jusque dans ses spécificités linguistiques. Du brit-pop des Dears et Stars au rock garage de Gros Mené et des Marmottes, en passant par l’électro de Montag ou la chanson d’un Yann Perreault, presque tous les genres ont été conviés à la fête.
Quelques souhaits pour l’avenir? Garder cette convivialité sans prétention, faire de l’événement une vitrine attrayante pour les artistes marginaux étrangers et renforcer l’aspect "industrie" en organisant quelques conférences et tables rondes décontractées. Mais surtout, garder cet esprit de fête (auquel les nombreux 5 à 7 et partys d’après-concert contribuent grandement) qui pourrait faire de ce rendez-vous montréalais une escale unique dans le circuit international.
Ozzy-zanie
Au cas où vous auriez passé les dernières semaines la tête cachée sous un gros caillou, sachez que MusiquePlus commence cette semaine la diffusion (en version non censurée et sous-titrée en québécois) de la fameuse série The Osbournes. En deux mots, les Osbourne sont la meilleure chose qui soit arrivée à la télé depuis des lustres. Tout le contraire de cette soupe tiédasse d’American Idol, où le public a assisté, sans suspense aucun, au couronnement d’une Madame Blancheville de la chanson, énième clone de Céline-Mariah-Lara-et cætera.
Les Osbournes contre American Idol. Tiens, si j’étais un producteur télé, je me dirais qu’il y a là une bonne idée de match de lutte entre célébrités. Mais la pauvre petite Kelly d’AI ne ferait pas le poids contre son homonyme aux cheveux roses de la famille Osbourne. D’un côté, vous avez une bonne petite fille bien blanche, une vraie god-fearing christian dont le rêve ultime (aujourd’hui réalisé; merci au gars des vues) était de chanter aux côtés de l’inoffensive Reba McEntire. De l’autre, vous avez la fille d’Ozzy, prince (déchu) des ténèbres, trop légume pour faire fonctionner sa télé mais encore assez imprévisible pour fracasser les carreaux de ses voisins à coups de bûche. Ozzy, c’est le rock dans tous ses excès: celui qui rote, qui pète et qui dit des gros mots; celui qui dérange encore (un peu) et qui vous garde en haleine. American Idol, c’est tout le contraire: une gigantesque entreprise de glorification du préfabriqué, du prévisible et de l’interchangeable au service d’une industrie moribonde. Choisissez votre camp.