Notes de passage

Martin Léon, caméléon…

La saison des spectacles a beau s’essouffler comme un marathonien asthmatique, les petits bars-spectacles ont beau tous sembler être menacés de fermeture (vous avez remarqué que les shows-bénéfice sont presque plus nombreux que les shows tout court?), il existe encore quelques fleurs capables de percer l’asphalte gelé.

C’est du moins ce que je me suis dit en entrant au Cabaret, la semaine dernière, pour assister au deuxième d’une série de trois shows servant d’introduction à l’univers du chanteur Martin Léon. J’y allais avec un mélange d’excitation et d’appréhension, parce que son premier album solo, Kiki BBQ, m’a séduit par ses charmes minuscules et parce que je n’aimais pas du tout Ann Victor, son groupe précédent, une formation trop affectée et théâtrale pour être honnête.

S’il a joué pratiquement de tous les instruments qu’on entend sur Kiki BBQ, Léon n’était pas seul sur la scène du Cabaret. À sa gauche, on a reconnu le guitariste émérite Dominique Lanoie, qui tâtait parfois de la slide avec un doigté aérien; et à sa droite, la choriste et violoncelliste Mélanie Auclair, qui tâtait aussi du xylophone Fisher Price. En peu de temps, Léon, manipulateur de porte-voix, d’appareil Polaroid, de téléphone, de guitare et d’harmonica, a tissé avec sa bande une complicité musicale étonnante bien exploitée lors d’un petit jam assez spatial sur la planante Out in Time. La complicité, Martin Léon l’entretient aussi avec son public: conteur plus que chanteur, il possède un parler-chanté propice aux confidences et les spectateurs n’ont pas manqué un mot de ses petites histoires de filles, de chars et d’employés de restos de poulet BBQ.

Que son univers musical se rapproche parfois de celui de Marc Déry, voire du Fred Fortin des moments calmes, ne joue pas contre lui, au contraire. Martin Léon habite un monde qui lui est propre, mais comme celui-ci ne se trouve pas sur une autre planète, il n’y a rien d’étonnant à ce qu’il ait quelques concitoyens. Et tant mieux si ceux-ci sont des gens de qualité! Je n’irais pas jusqu’à affirmer que son spectacle, qui en est à ses balbutiements, est à la hauteur de ceux des artistes à qui on le compare. Mais ce qui est sûr, c’est que Léon est un gars à la fois ordinaire et charismatique qui possède assez de talent pour transformer de petites tranches de vie en un repas remarquablement satisfaisant. Bref, un artiste de qualité, pas obscur pour deux sous, qui ne fait ni du death metal ni de la techno minimale et qu’il serait presque criminel de condamner à l’obscurité. Donnez-lui une chance, vous ne serez pas déçus…

La rétro de l’année s’en vient…
En musique comme ailleurs, 2002 fut une année bizarre (mais ne le sont-elles pas toutes depuis que vous êtes nés?) durant laquelle Ozzy Osbourne est devenu le porte-étendard d’un nouveau genre de "valeurs familiales"; où, avec un étrange synchronisme, le rock de garage et les synthés en toc des années 80 sont simultanément redevenus le chic du chic, et où Michael Jackson, qui n’a malheureusement pas su capitaliser sur ce revival, a définitivement pété les plombs. Mais encore une fois, entre les merdes préfabriquées issues des usines de teen pop ou des reality shows, on a trouvé pas mal de bonne musique à se mettre dans les oreilles. La semaine prochaine, mes collaborateurs de la section Musique et moi partagerons avec vous nos coups de cour de 2002 en proposant les traditionnels et incontournables tops 10 de fin d’année. Il va sans dire que nous serions bien curieux de connaître les vôtres. Alors, si ça vous chante, envoyez-moi donc un courriel ([email protected]), histoire de nous faire part de vos découvertes marquantes, de vos déceptions et de vos observations en tous genres sur l’année musicale qui s’achève. On pourra comparer nos listes…