Notes de passage

Pas lisse académie

Vous avez regardé le gala des Grammys dimanche dernier? Si vous l’avez fait, c’était probablement durant les pauses publicitaires de Star Académie, dont les chiffres d’audience pour le moins déconcertants (près de 1.5 millions de téléspectateurs!) ont relégué les cotes d’écoute de la grande fête américaine de la musique au niveau des compétitions de bowling du dimanche à TQS.

Je ne vous blâme pas d’avoir boudé le triomphe de Norah Jones, que personne n’est venu troubler par d’inopportuns messages anti-guerre (mais que sont nos rockers rebelles devenus?). Les Grammys, c’est d’un ennui mortel. Les Brit Awards aussi, remarquez, mais les Anglais ont au moins eu le bon goût, la semaine dernière, de donner deux trophées à la délicieuse Miss Dynamite. Bon, je m’égare: je n’ai rien vu de tout ça. Ni l’horrible robe d’Aretha Franklin aux Grammys, ni le visage défait du pauvre petit Pascal, viré de l’Académie par ses pairs sous le regard à la fois attendri et horrifié de près du quart de la population du Québec.

Malgré tous mes efforts, je n’arrive pas à échapper à l’ubiquiste Académie. Pour peu que vous feuilletiez à l’occasion Le Journal de Montréal, vous connaissez tout de ses sympathiques élèves/aspirant(e)s vedettes. Dans un formidable esprit de convergence, le quotidien de la rue Fullum accorde une couverture absolument démesurée au show, produit (mais il ne faudrait pas le dire trop fort…) par nulle autre que la blonde de Pierre-Karl Péladeau, lui-même propriétaire de TVA. C’est pourtant dans les pages de ce même Journal qu’on a lancé le premier gros pavé dans la mar(d)e. Mardi, le chroniqueur Franco Nuovo cédait l’espace de sa colonne au chanteur Daniel Boucher, qui prenait la plume pour exprimer son dégoût à la suite de son passage sur le plateau de ce qu’on appelle familièrement "le show de Julie".

Boucher se disait outré du traitement réservé au concurrent Pascal lors de l’émission à laquelle il participait, arguant que la façon dont il fut éjecté (par un vote des autres concurrents) était aussi humiliante qu’inhumaine et que "s’il avait su, il aurait pas venu". Joignant l’acte à la parole, il annonçait à madame Snyder son intention de ne pas encaisser le chèque que lui avait valu son apparition.

Excuse-moi, Daniel, mais à quoi tu t’attendais en allant là-bas? Tu croyais que tu pourrais être le grain de sable dans l’engrenage? Que ta présence pourrait transformer ces futurs Natasha et Bruno en "poètes des temps gris"? Come on

Tiens, tout ça me rappelle que je ne vous ai pas parlé d’American Idol depuis un bon bout de temps. Faut dire que je ne regarde pas plus ce soi-disant reality show que ses avatars locaux. Mais, encore là, impossible d’ouvrir un journal ou un magazine américain sans être envahi de détails sur les idoles en devenir.

Dernier scandale dans une liste d’événements médiatiques destinés à faire mousser les cotes d’écoute: on a viré la candidate Frenchie, sous prétexte qu’elle aurait posé pour des photos compromettantes pour un site Internet. Mais vous vous attendiez à quoi (bis)? Vous pensiez vraiment qu’ils allaient faire gagner l’Afro-Américaine affectée d’une surcharge pondérale dans cette quête de la prochaine beugleuse anorexique?

Mais le peuple des USA, la plusse grande démocratie au monde, n’allait pas laisser passer ça. Et le peuple a parlé. Selon un article du Entertainment Weekly , la pétition pour "sauver Frenchie " (du site Web qui lui est consacré, www.savefrenchie.com) aurait recueilli à ce jour plus de 50 000 signatures, ce qui battrait de loin le nombre de personnes ayant signé la pétition américaine contre la guerre en Irak. Comme disait l’autre: "Ma gang de malades".