«Mesdames et Messieurs, bonsoir, et bienvenue au Débat des chefs. Mon nom est Bernard Derome, et je serai votre analyste au cours de la prochaine heure.
Comme vous le savez, il s’agit d’un match capital. Le PQ de Lucien Bouchard détient toujours la Coupe; mais, au cours des dernières semaines, la Sainte-Laine s’est montrée moins agressive, et a adopté un jeu défensif. Le PLQ, lui, tente toujours d’apprivoiser son nouvel entraîneur, Jean Charest, anciennement des Tories d’Ottawa. Quant à la nouvelle recrue, Mario Dumont, ex-ailier droit des Libéraux de Québec, il fait aujourd’hui son entrée officielle dans la Ligue des Grands.
Vous connaissez les règlements. Les participants débattront entre eux des différents thèmes dans l’ordre suivant: Jean Charest contre Mario Dumont; Mario Dumont contre Lucien Bouchard; Lucien Bouchard contre Jean Charest; Jean Charest et Mario Dumont contre Lucien Bouchard; Jean Bouchard et Lucien Dumont contre Mario Charest; Mario Bouchard, Jean Dumont et Lucien Charest contre Jacques Moisan; Jacques Moisan et moi contre les trois autres, puis, finalement, Stéphan Bureau contre Chantal Hébert et Michel C. Auger.
Cette année, nous avons raffiné notre technique afin d’être encore plus près de vous, chers téléspectateurs. Nous avons invité un citoyen ordinaire, que nous avons pigé au hasard. Il s’agit d’Henri Beaulieu, trente-sept ans, livreur chez Mike Submarines. Nous lui avons appliqué des électrodes sur la tête, des suces sur la poitrine, et un anneau autour du gland, afin de suivre ses réactions à la seconde près. Actuellement, monsieur Beaulieu pense au sous-marin numéro sept (du steak, du steak et encore du steak) qu’il a oublié de livrer rue Hochelaga; son cour bat à 102, et son membre est mou.
Ce débat est une présentation de Flec-to-Flex, qui agit là où ça fait mal, eh oui, là où ça fait mal.
Avant de commencer, nous nous rendons dans le vestiaire du PQ afin d’interroger le soigneur, Jean-François Lisée. Comment avez-vous préparé votre poulain, Jean-François?
– Oh, comme d’habitude. Des retailles d’hosties, de l’eau de Pâques, une nuit passée sur la paille, dans le bunker.
– Désolé, on me fait signe, c’est déjà le moment… L’arbitre en chef Jacques Moisan s’approche des trois joueurs, il laisse tomber le premier sujet… ET C’EST PARTI!
Oh! Quelle belle envolée de Lucien Bouchard! On reconnaît son style vif, n’est-ce pas, Stéphan?
– En effet, Bernard. Monsieur Bouchard se débrouille encore très bien, malgré sa blessure à la jambe. Observez le ralenti: il contourne habilement le sujet, le prend par derrière, puis le lance entre les patins de Mario Dumont. Regardez son sourire en coin. Ce signe non verbal lui permettra sûrement d’aller chercher quelques votes dans le comté de Saint-Jacques.
– Vous avez raison, Stéphan. Si l’on se fie à l’encéphalogramme qui apparaît à gauche de votre écran, monsieur Beaulieu a d’ailleurs commencé à réagir. Son taux de sucre et sa température corporelle ont grimpé, sa pression sanguine a chuté, son testicule droite s’est crispé et l’image de sous-marin qui imprégnait le lobe frontal de son cortex cervical depuis 18 h 58 est en train de s’effacer… Monsieur Jean-Paul Pesant, de la firme de sondage Pesant et Pesant: Selon vous, la réaction de monsieur Beaulieu est-elle représentative de ce qui se passe dans l’ensemble du Québec?
– Je crois que oui, Bernard. Nos 1500 téléphonistes viennent d’appeler 3432 Québécois, et leur ont demandé: a) s’ils avaient bu du lait Moustache au cours des trois dernières semaines; et b) si le sourire en coin de Lucien Bouchard les ferait voter PQ. Une fois les indécis dûment répartis, 47 % des répondants ont conclu: Non et Oui.
– Sensationnel! Ça, c’est du direct, monsieur! Quelle émission spéciale! J’ai pas eu autant de plaisir depuis que je me suis agenouillé devant les portes de Buckingham Palace pour sniffer les couronnes funéraires de Lady Di. Comme je le disais dans ma présentation, c’est vraiment un beau moment de démocratie…»
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Après la section Multimédia, dirigée par le journaliste Carlos Soldevila, une autre chronique s’ajoute à notre journal: Planète Club. Écrite par Simona Rabinovitch, journaliste bien connue des clubbers montréalais (Fly, Ocean Drive, Vice), cette chronique publiée dans notre Calendrier (cette semaine, en page 87) couvrira le monde des bars, des clubs et du nightlife en général, toutes tendances confondues.
`Cause tonight, we’e’re gonna party like it’s 1999.