Attention, Canadiens, Canadiennes, votre liberté est menacée! Si vous ne faites pas attention, votre démocratie implosera, et votre beau et grand pays se transformera en dictature sanguinaire…
Voici le message qu’est venu nous livrer le grand Charlton Heston, le 13 avril, en Colombie-Britannique.
Que faisait le porte-parole de la NRA (National Rifle Association) en terre canadienne? Il venait à la rescousse des propriétaires d’armes à feu luttant contre la loi C-68.
Adoptée en 1995 par le ministre Allan Rock, cette loi oblige les amateurs de pistolets et de carabines à enregistrer leurs armes. Nos cow-boys ont jusqu’au 1er janvier 2003 pour remplir leur petit papier.
En 1995, le ministre prévoyait que cette opération coûterait en tout et pour tout vingt millions de dollars par année. La semaine dernière, soit dix-sept mois après la mise en application de la loi, la facture s’élevait à… 327 millions!
Comme dirait Gaston Lagaffe: «Oups!»
Pour nos amis de la National Firearms Association, l’organisation canadienne des propriétaires d’armes à feu, c’est la démonstration par A + B que le gouvernement fédéral est fou à lier. Afin de lutter contre le gros méchant État qui gaspille notre argent et menace nos droits fondamentaux, les bonzes de la NFA ont donc demandé à leurs copains de la NRA de leur envoyer des renforts.
C’est ainsi que Moïse est descendu du mont Sinaï, armé de ses tables des Dix Commandements. «Tu ne dois pas enregistrer tes fusils. Tu ne dois pas faire confiance à l’État. Tu dois aimer ton arme comme ton Dieu…»
Il y a deux semaines, le National Post publiait le discours qu’a prononcé Heston. Il fallait le lire pour le croire. En voici des extraits:
«En commençant, laissez-moi vous dire que je suis jaloux des citoyens canadiens et de votre fédération de chasseurs et de pêcheurs. Si votre coeur canadien pompe du vrai sang rouge, alors la Colombie-Britannique doit vous apparaître comme un véritable Éden.
Mes amis, cette superbe terre que vous habitez est une bénédiction. Et, croyez-moi, la bénédiction, ça me connaît, car j’ai souvent interprété des rôles de saints, de présidents, de rois et de génies. J’ai même séparé la mer Rouge en deux dans un film!
Le droit – parlons plutôt de besoin – de chasser et de pêcher fait partie de l’héritage nord-américain. Car après tout, mes amis, nous faisons partie du même peuple et partageons une histoire commune. Les politiciens ont beau avoir tracé une ligne imaginaire entre nous, ça ne cache pas le fait que nous avons le même sang! Les oies traversent les frontières; les chevreuils voyagent d’un pays à l’autre. Ils se foutent des premiers ministres et des politiciens… (…) Malheureusement, la politique érode notre héritage et nos traditions. Aux États-Unis, la Constitution protège notre droit de posséder des armes à feu. Mais ici, votre gouvernement a décidé de voter la loi C-68. Comment est-ce arrivé, mes amis?
Le 1er janvier 2003 sera un triste jour. Le droit de posséder une arme à feu ne garantit peut-être pas votre liberté, mais vous ne pourrez jamais être vraiment libre si l’État ne vous reconnaît pas ce droit!
Premièrement, l’État interdit les revolvers. Puis il réglemente les fusils, et vous oblige à enregistrer vos armes. Vous verrez, il finira bientôt par vous les confisquer! Des familles entières devront se départir de leur héritage, de superbes armes datant de la Première Guerre mondiale, que l’on pulvérisera comme si c’était de la scrap! J’ai combattu lors de la Deuxième Guerre. Je possède toujours mon arme: un Colt .45. Une belle pièce… Nous avons servi deux ans, ensemble. Mais sous votre nouvelle loi, mon vieux pistolet deviendra un produit de contrebande!
Bien sûr, vous pourrez cacher vos armes, les enterrer. Mais comment pourrez-vous utiliser votre fusil s’il est caché au fond de votre grange? (…) La frontière qui nous sépare est un mythe. Nous sommes faits de la même trempe, du même tissu de pionniers. La liberté est notre hétritage. Détruisons cette barrière qui nous enlève nos droits!»
Pas beau, ça?
Une des choses qui a toujours séparé les Canadiens des Américains, c’est notre foi envers les institutions. Pour les Américains, le gouvernement est une menace, qui étouffe l’individu; alors que pour nous, c’est un filet de sécurité, qui protège le citoyen. Ils conjuguent l’Histoire au «Moi», alors que nous la conjuguons au «Nous».
Vous voulez savoir où nous mène le cynisme envers la politique? Regardez Charlton Heston dans les yeux.
Vous y verrez l’homme revenu à l’état sauvage. L’homme-singe.