Le Conseil exécutif national du Parti québécois, un parti politique créé en 1968 par René Lévesque, recherche un chef charismatique qui l’aidera à remporter les prochaines élections provinciales.
TÂCHE
La personne choisie devra plaire autant à monsieur et madame Tout-le-monde (qui se foutent de la souveraineté comme de leur première chemise) qu’aux militants du comté de Mercier (qui seraient prêts à mourir pour la patrie).
Elle devra sortir le Québec d’un cul-de-sac qui persiste depuis 40 ans.
Elle devra travailler de concert avec le gouvernement fédéral afin de mettre sur pied des programmes susceptibles d’améliorer le sort des Québécois tout en faisant mousser l’option séparatiste avec l’aide d’un parti siégeant à la Chambre des communes (pour des clarifications, voir l’annexe AD-17-5).
Le chef du PQ poursuivra deux missions: protéger et stimuler la culture des Québécois francophones de souche, et gagner la confiance des membres des minorités linguistiques.
Il devra resserrer les liens avec la France, qui se bat contre l’hégémonie américaine, tout en brassant des affaires avec nos puissants voisins du sud, qui détestent les Français.
Le futur chef du Parti québécois (et futur premier ministre de la province) devra être maître dans l’art des pirouettes. Par exemple, il devra être capable de dénoncer avec véhémence le gouvernement fédéral pour sa mauvaise utilisation de ses surplus budgétaires, tout en cachant les surplus de son propre gouvernement dans des organismes sans but lucratif. De même, il devra exhorter le peuple à encourager le savoir-faire québécois ("Maîtres chez nous!"), tout en plaçant une bonne partie du Trésor de l’État dans des fiducies basées à Toronto.
Il sera à la fois POUR la protection des petites cultures distinctes et POUR la mondialisation.
Il ne perdra pas une occasion de rappeler le martyre des Patriotes, pendus pour avoir voulu défendre leur pays, tout en déroulant le tapis rouge pour recevoir le premier ministre de la Chine (qui lave son linge sale dans le sang du peuple tibétain).
Le nouveau chef devra aussi maîtriser le double langage. Par exemple, lorsque l’économie québécoise se portera bien, il dira que c’est grâce à son gouvernement; et lorsqu’elle se portera mal, il dira que c’est à cause du gouvernement fédéral.
EXIGENCES
Avoir une famille (c’est bon pour l’image), mais accepter de ne jamais la voir.
Se sentir bien entre l’arbre et l’écorce.
Avoir de solides liens dans le Parti depuis plusieurs décennies, tout en incarnant le renouveau.
Accepter d’être traîné dans la boue par ses propres militants (tendance masochiste, un atout).
Parler couramment l’anglais.
Aimer les longues balades en auto sur l’autoroute 20.
QUALIFICATIONS
Doctorat en économie et en administration.
Maîtrise en comptabilité de management ou en sciences comptables.
Bac en marketing.
Solide expérience dans le secteur privé.
Bonne connaissance des mathématiques financières et de la tenue de livres.
(Intérêt pour l’art et pour l’Histoire facultatif.)
RÉMUNÉRATION
150 000 $ par année. (Mais l’assurance couvre les maladies nerveuses.)
Note: Nous invitons les juifs, les anglophones et les membres d’une minorité ethnique à préciser, dans leur demande d’emploi, leur appartenance à l’un des groupes visés par notre politique d’égalité d’accès à l’emploi.
Envoyez votre C.V. et votre photo à la permanence nationale du Parti québécois, 1200, avenue Papineau, bureau 150, Montréal (Québec), H2K 4R5.
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En terminant, je vous laisse sur ce courriel que m’a envoyé notre collaborateur Michel Trudeau, psychologue:
"Selon les résultats du dernier sondage sur le départ de Lucien Bouchard, les Québécois sont très satisfaits de son travail, mais contents qu’il parte. Ils sont d’accord pour dire que la cause indépendantiste recule, mais une majorité d’entre eux voterait Oui avant répartition des indécis. Et ils trouvent que Lucien Bouchard est un bon premier ministre, mais admettent qu’il n’a pas réalisé grand-chose…
Ce pays est-il oui ou non un vaste dispensaire psychiatrique?"