Le monde est brutal et chaotique. Partout, aux quatre coins de la planète, des extrémistes sanguinaires complotent afin de tout faire sauter. Heureusement pour nous, le SCRS veille au grain.
Le SCRS, c’est le Service canadien du renseignement de sécurité – notre version de la CIA. Cette agence de contre-espionnage surveille les allées et venues des ennemis de la démocratie, afin que nous puissions dormir sur nos deux oreilles.
C’est ainsi que sur le site Internet du SCRS (www.csis-scrs.gc.ca), on retrouve plusieurs documents sur les différents groupes terroristes menaçant la paix mondiale. Il y a un dossier sur les mouvements religieux extrémistes (comme l’Ordre du temple solaire et la secte japonaise Aum); un dossier sur les pays qui sont en train de développer des armes chimiques et bactériologiques (l’Iran, l’Irak); un dossier sur les grands groupes criminels transnationaux (la mafia italienne, les triades chinoises)… et un dossier sur les militants antimondialisation.
Vous avez bien lu: selon les bonzes du SCRS, le phénomène de l’antimondialisation "est susceptible de représenter une menace pour la sécurité publique ou nationale", au même titre que les terroristes de l’ETA et les membres de la mafia russe.
Saddam Hussein, Pablo Escobar, Philippe Duhamel: même combat.
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En quoi les manifs antimondialisation constituent-elles une menace pour le Canada? Eh bien, elles peuvent tout d’abord ternir la réputation de notre beau et grand pays. C’est écrit noir sur blanc dans le dossier du SCRS:
"Le Canada, en sa qualité de membre de bon nombre des organisations qui ont été la cible d’activités de protestation (OMC, FMI, BM), est fréquemment choisi pour accueillir leurs rencontres. Tous les niveaux de gouvernement ont pris l’habitude d’inviter ces institutions et de les encourager à tenir leurs réunions en divers endroits du pays. Ces rencontres sont une source de revenus et permettent de mettre en valeur le caractère démocratique du Canada auprès de la communauté internationale. Les activités de protestation et les manifestations pourraient cependant ternir cette belle image, surtout si la couverture médiatique est négative."
Les militants antimondialisation sont aussi de plus en plus violents:
"Fini le temps où les manifestants se contentaient de brandir des pancartes et des banderoles, d’écouter des discours et de défiler calmement le long d’un parcours bien défini. S’inspirant des anarchistes, les manifestants de l’an 2000 emploient une foule de nouvelles méthodes. (…) Ils ne se contentent pas de fracasser des vitrines, mais allument des incendies, utilisent des engins explosifs et même menacent des personnes de blessures corporelles, par exemple en leur envoyant des lettres de mise en garde contenant, disent-ils, des lames de rasoir contaminées."
Preuve que nous avons affaire à des éléments dangereux: les manifestants ne se laissent plus cogner dessus passivement. Ils savent maintenant se défendre!
"Les manifestants ont pris l’habitude de se munir de bouts de tissu imbibés de kérosène ou de vinaigre pour se prémunir contre les effets des bombes lacrymogènes et du poivre de Cayenne."
Ces ennemis de la démocratie savent aussi utiliser les nouvelles technologies, afin de contrer les forces de l’ordre et d’empoisonner les masses avec leur propagande anticapitaliste:
"Les cellulaires permettent aux organisateurs des manifestations de déplacer les groupes d’un endroit à l’autre, au gré des besoins. La mobilité des manifestants empêche les autorités policières de chercher à contrer leurs actions en massant leurs forces en un endroit bien précis. (…) Les militants ont également adopté les techniques de communication mises au point par les écologistes. Ainsi, lors de la conférence sur la biotechnologie, BIO 2000, qui s’est déroulée à Boston du 26 au 30 mars 2000, les opposants aux aliments modifiés génétiquement ont mis sur pied un centre de communications indépendant et diffusé des nouvelles sur leur site Web tout au long de la semaine de protestation."
Nous sommes donc confrontés à des terroristes extrêmement organisés. Par chance, nous avons, au Canada, un atout majeur qui nous aidera peut-être à neutraliser leurs actions machiavéliques: la météo.
"La présence constante de nombreux policiers, la mise en place de barrières de sécurité, l’adoption d’autres dispositifs de contrôle des foules et le mauvais temps tempéreront peut-être l’ardeur des manifestants et contribueront peut-être à réduire graduellement l’importance de certains rassemblements."
Bref, Canadiens, Canadiennes, l’heure est grave! Si, au cours des prochains jours, vous croisez un jeune punk équipé d’une marionnette géante ou d’un téléphone cellulaire, n’hésitez pas: contactez tout de suite le SCRS, au (514) 393-5600.
Il en va de notre sécurité à tous.