Ondes de choc

Les B. S. de luxe

Vous souvenez-vous du Technodôme, ce Disney World futuriste qui devait être construit dans le Vieux-Port de Montréal par les frères Reichmann, les artisans d’une des plus grosses faillites de l’histoire de l’humanité? Eh bien, la Société générale de financement du Québec (SGF) a englouti près de cinq millions $ pour promouvoir ce projet débile qui n’a jamais vu le jour:

3,9 millions $ en honoraires et en coûts d’analyse;

737 000 $ pour la préparation et la production de matériel promotionnel;

et 163 000 $ en frais de représentation.

Vous souvenez-vous de Métaforia, ce centre de divertissements high-tech qui devait révolutionner notre façon de nous amuser, mais qui n’a jamais réussi à faire courir les foules?

La SGF y a investi plus de 12 millions $ en capital-actions.

Vous souvenez-vous du Musée de l’humour, qui devait être l’un des joyaux de la Métropole, mais qui, aujourd’hui, ne fait plus rire personne?

Québec y a investi 5,5 millions de dollars; Ottawa, 5,5 millions $ et la Ville de Montréal, 2,5 millions (sans oublier une dette de cinq millions $ qu’elle a accepté d’éponger).

Vous souvenez-vous de Charles Sirois, l’entrepreneur béni des dieux qui était censé sauver le Québec, et qui, maintenant, n’est plus que l’ombre de lui-même?

Le gouvernement provincial a investi des millions et des millions de dollars dans son empire qui ne cesse de perdre des plumes.

Vous vous demandez pourquoi vous payez de plus en plus de taxes et d’impôts, alors que vous recevez de moins en moins de services.

Eh bien, c’est pour ça. Pour construire de gros éléphants blancs qui témoigneront de la vigueur de Québec inc.

Notre argent ne sert plus à améliorer nos systèmes de santé et d’éducation: il sert à construire de toutes pièces des fortunes artificielles, que nous brancherons sur respirateur une fois le boum passé.

Ce ne sont pas les malades ou les élèves qui profitent des largesses de l’État, ce sont Pierre-Karl Péladeau et Charles Sirois. Si au moins ces investissements gargantuesques créaient de l’emploi. Mais non: ces entrepreneurs assistés ne cessent de mettre des gens à la porte. Ils coupent ici, ils coupent là. Tout ça avec notre argent!

René Lévesque voulait que les Québécois deviennent un peuple de propriétaires; c’est exactement ce qui est arrivé. Malheureusement, les maisons que nous avons achetées prennent l’eau et les locataires sont partis sans payer le loyer. Alors on se retrouve Gros-Jean comme devant avec des dettes par-dessus la tête.

C’est cela, la social-démocratie, prendre l’argent des humbles pour le donner aux riches? J’ai toujours cru que c’était le contraire. Faut croire que les temps ont changé. Aujourd’hui, on fait attendre les cancéreux dans les couloirs des urgences, mais on court au chevet des entrepreneurs en manque de liquide.

Cendrillon rêvait au prince charmant. Le Québec, lui, rêve au projet miracle qui lui permettra de gagner le gros lot et de prouver que l’indépendance est financièrement possible. Et pour y arriver, il est prêt à tout.

Donner des stéroïdes aux gourous de la finance pour qu’ils deviennent encore plus gros. Prendre des vessies pour des lanternes. Signer des chèques en blanc en espérant qu’un jour, ce sera son tour.

Et le citoyen-payeur, lui? Bof, qu’il attende. Après tout, ce qui compte, c’est d’augmenter les revenus. Et jusqu’à preuve du contraire, pour le gouvernement, la santé et l’éducation constituent des postes de dépenses.

Ce n’est pas moi qui le dis, c’est Pauline Marois. Lundi soir, la ministre des Finances était l’invitée de la nouvelle émission de Jean Lapierre, à TQS. Au milieu de l’entrevue, l’ex-compagnon d’armes de Lucien Bouchard lui a demandé si le gouvernement n’avait pas tendance à délier un peu trop les cordons de sa bourse. "Non, non, de répondre madame la ministre, nous gérons nos affaires de façon responsable. Mais il arrive qu’il y ait des dépenses non prévues, comme la campagne de vaccination contre la méningite, qui nous a coûté 150 millions $."

Vous avez bien lu: la campagne de vaccination nous a "coûté" 150 millions $. Mais Sirois et Péladeau, eux, ils nous ont "coûté" combien? Silence. Pas un mot sur le sujet.

Voyez-vous, quand on vaccine des milliers de jeunes Québécois, on dépense. Mais quand on donne des milliards de dollars à des hommes d’affaires, on investit.