La lutte contre le terrorisme risque d’aggraver la violence conjugale. C’est ce qui ressort d’un rapport préparé par un comité de cinq experts, au terme d’une conférence organisée par le Regroupement provincial des maisons d’hébergement et de transition pour femmes victimes de violence conjugale.
Pourquoi, vous demandez-vous? Eh bien, tout simplement parce que la lutte contre le terrorisme valorise la vengeance et la violence.
Si, au lieu de combattre les talibans, on les invitait à prendre le thé rue Saint-Denis, les mâles québécois seraient moins violents et les maisons d’hébergement ne seraient plus engorgées.
Avouez que ça tombe sous le sens.
Des fous furieux prennent le contrôle de trois avions de passagers et les projettent contre des édifices bondés de civils innocents, et il ne faudrait pas broncher.
Trop violent. Faudrait organiser des marches pacifiques et brûler des lampions en chantant Quand les hommes vivront d’amour.
Je vous le jure, j’exagère à peine.
Dimanche dernier, la Fédération des femmes du Québec, la CSN et la Ligue des droits et libertés ont souligné le jour du Souvenir en annonçant une marche qui aura lieu ce week-end à Montréal "pour la paix et la justice globale".
Wow. J’imagine déjà ben Laden dans sa grotte.
"Mohamed, la prochaine fois que tu fais sauter un 737, assure-toi qu’il n’y a personne de la CSN ou de la FFQ à bord. Ces gens-là ont le coeur sur la main et ne méritent pas de mourir."
Lancer ce genre de truc alors qu’on soulignait justement le souvenir d’hommes qui sont morts au combat pour défendre la démocratie, faut le faire. Vous croyez que Hitler et sa bande auraient laissé l’Europe tranquille si on s’était contenté de marcher pacifiquement dans les rues de New York et de Londres? Permettez-moi d’en douter.
On serait encore en train de lécher les bottes des nazis.
***
Tout cela me fait penser à Delfeil de Ton, l’excellent chroniqueur du Nouvel Observateur.
Il y a un mois, 113 intellectuels français ont lancé un appel contre la guerre en Afghanistan. "Cette guerre n’est pas la nôtre", ont-ils clamé bêtement dans leur manifeste.
"Cette guerre n’est pas la leur? de demander De Ton dans sa chronique du 25 octobre. Mais ben Laden l’a déclarée aux impies, c’est-à-dire aux juifs, aux chrétiens, aux musulmans qui ne partagent pas son fanatisme. À moins d’être musulman, et musulman extrémiste, et de l’extrémisme tendance ben Laden, on est rangé par ben Laden dans le camp des ennemis de Dieu. Ben Laden et les talibans ne vous demandent pas votre avis, ô intellectuels. Ils ne veulent de vous qu’une seule chose: votre mort, la mort de votre culture et la fin de tout ce que vous aimez. C’est facile de se donner bonne conscience, de refuser la riposte quand on sait qu’elle a lieu, de la condamner quand on est content qu’elle vous protège. Vous n’aimez pas les bombardements, vous n’aimez pas les commandos, personne n’aime devoir compter sur eux, mais qui peut nous tirer de là? Vos incantations?"
La semaine suivante, Delfeil de Ton revenait à la charge. Cette fois, il critiquait les éditorialistes qui avaient ricané dans leur barbe lorsque l’armée américaine avait annoncé que ben Laden serait beaucoup plus difficile à attraper que ce qu’on avait initialement prévu.
"Ces ricanements d’une certaine presse, écrit-il, me rendent perplexe. À chaque difficulté, à chaque erreur de tir, à chaque destruction malencontreuse reconnue par le commandement allié, des journalistes semblent découvrir que la guerre ne se fait pas sans casser des oeufs. Faudra-t-il leur rappeler chaque semaine que c’est ben Laden et ses fanatiques religieux qui ont déclenché le conflit? Faudra-t-il chaque semaine rappeler qu’il nous a déclaré la lutte à mort, que ce sera lui ou nous, chers confrères? Vos ricanements, ils aident qui?"
Le chroniqueur du Nouvel Observateur a bien raison. Elles sont bien belles, les envolées lyriques des représentants de la gau-gauche, mais elles ne mènent nulle part. Bien oui, tout le monde est pour la paix. Bien oui, tout le monde est pour l’amour. Mais lorsqu’un crackpot menace d’utiliser la bombe nucléaire, on fait quoi? On lit des poèmes de Louky Bersianik?
Si l’Europe a été débarrassée de la peste nazie, c’est parce qu’on a envoyé des hommes armés outre-Atlantique. Y a-t-il eu des débordements, lors de la Deuxième Guerre? Oui. Y a-t-il eu des erreurs? Bien sûr.
Il y a toujours des risques d’erreurs lorsqu’on agit.
Alors que la seule erreur qu’on risque de commettre quand on organise une marche, c’est de porter un ruban de la mauvaise couleur…