Je vais vous confier un secret, si vous promettez de ne le dire à personne.
Quand j’étais jeune, j’ai passé deux ans chez les scouts.
Cessez tout de suite vos sarcasmes. Ce n’était pas un groupe de scouts quétaines, qui passaient leurs journées à espionner le vent et à faire des noeuds. C’était des scouts cool. Pas de shorts beiges, de noms de totem ridicules ou de porte-à-porte pour vendre des biscuits et des calendriers. On jouait au base-ball, au hockey intérieur et au ballon-chasseur.
Je garde un excellent souvenir de mon séjour chez les scouts. À une exception près: quand on allait passer quelques jours dans le bois, un prêtre nous accompagnait.
Il était gentil, le prêtre. Il y allait mollo sur les sermons, et nous foutait la paix avec le ti-Jésus. Mais il avait la fâcheuse habitude de nous coller d’un peu trop près. Quand venait le temps de se coucher, il se pointait toujours dans le dortoir, et tournait lentement autour de nos lits. Il nous passait la main dans les cheveux, discutait avec nous à voix basse, tentait de nous border, de nous tâter…
Ce prêtre mettait tous les jeunes mal à l’aise. Pourtant, il était de tous nos voyages, de tous nos séjours. Saison après saison, il accompagnait toujours notre groupe, même si nous étions tous au courant de ses "manies"…
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Tout le monde le sait, les pédophiles occupent souvent des emplois qui leur permettent de côtoyer les jeunes: père Noël dans un centre commercial, entraîneur, chauffeur d’autobus…
Ce n’est donc pas surprenant que plusieurs aient choisi la prêtrise. Après tout, c’est la couverture par excellence. Jésus n’a-t-il pas dit de laisser venir à lui tous les petits enfants?
Mais voilà, on a longtemps balayé ce fait sous le tapis. C’était une vérité non avouée et non avouable. Les prêtres, après tout, étaient les gardiens de notre âme, et les sauveurs de la culture canadienne-française…
Or, depuis quelque temps, les masques (pour ne pas dire les soutanes) tombent. C’est ainsi que, le mois dernier, on a appris que 70 prêtres du diocèse de Boston avaient passé les 40 dernières années à agresser sexuellement des dizaines et des dizaines d’enfants.
L’Église le savait. Le diocèse de Boston a même dépensé 10 millions de dollars pour étouffer l’affaire, et régler hors cour une cinquantaine de poursuites… Un des prêtres, le révérend John J. Geoghan, a molesté plusieurs enfants, au su de ses supérieurs. Mais au lieu de le dénoncer ou de l’excommunier, l’Église a préféré fermer les yeux. Avec pour résultat que ce dangereux pédophile s’est promené de paroisse en paroisse pendant une trentaine d’années, faisant plus de 130 victimes…
La semaine dernière, l’hebdomadaire américain Newsweek publiait un dossier sur cette affaire. "Pourquoi y a-t-il tant de pédophiles chez les prêtres?" demandait le journaliste. Réponse d’un ancien prêtre: "Parce que les prêtres sont des enfants eux-mêmes. Plusieurs sont sexuellement et psychologiquement immatures. C’est d’ailleurs pourquoi ils ont choisi la prêtrise…"
Parce que ce sont des ti-gars à maman qui ne voulaient avoir aucune responsabilité.
Pendant ce temps-là, le pape continue de condamner l’usage du condom, l’homosexualité et les relations sexuelles avant le mariage!
Quelle hypocrisie.
Comme l’écrit l’éditorialiste Andrew Sullivan dans le Time de cette semaine: "Comment une Église qui condamne autant de formes de relations sexuelles entre adultes consentants peut-elle être aussi tolérante et ignorante à propos des abus sexuels commis par ses propres prêtres?"
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C’est comme l’affaire du film Amen, de Costa-Gavras.
Des cathos intégristes français ont voulu interdire l’affiche du film, parce qu’elle amalgamait la croix chrétienne et la croix nazie. Mais qu’en est-il du sujet du long métrage lui-même: le soutien de l’Église catholique au régime de Hitler?
Pas un mot, ou presque.
Pourtant, c’est une réalité. Dans les pages du Monde, une historienne a rappelé que le pape Pie XII avait organisé, à la fin des années 40, un réseau de sauvetage des criminels de guerre, afin qu’ils puissent échapper aux tribunaux internationaux!
Mais n’essayez pas de discuter de ces sujets avec des représentants de l’Église: c’est presque impossible. Depuis quatre ans, je tente d’obtenir un entretien avec monseigneur Turcotte sur ces questions (les positions de l’Église concernant les homosexuels, l’ordination des femmes, le condom, etc.), mais en vain. On me le refuse toujours.
Après, on se demande pourquoi les Églises sont vides…