La semaine dernière, l’ex-maire de New York, Rudy Giuliani, était de passage à Montréal afin de prononcer un discours sur le leadership en temps de crise, à l’invitation d’une association venant en aide aux étudiants juifs.
Au tout début de son discours (qui a duré tout au plus 35 minutes et qui lui a rapporté la jolie somme de 100 000 $ US), le "héros du 11 septembre" a lancé que les politiciens ont tous le même défaut: ils aiment être applaudis. "Nous sommes prêts à répéter la même phrase 10 fois de suite si nous savons qu’elle nous attirera des applaudissements de la foule", a-t-il dit.
Commentaire humoristique ou aveu frôlant le cynisme? Toujours est-il que le maire a mis cet adage en pratique. Debout devant un public composé à 99 % de juifs, l’homme qui a transformé la 42e Rue en mini-Disneyworld a flatté son public dans le sens du poil, affirmant qu’Israël est une oasis de démocratie perdue dans la grande noirceur (applaudissements); que Yasser Arafat est un meurtrier (applaudissements); et que les Palestiniens sont les grands responsables du conflit sévissant au Proche-Orient (applaudissements).
Bref, on n’avait pas vu pareil exercice démagogique depuis le fameux "Vive le Québec libre!" du général de Gaulle.
"Il y a quelques années, j’ai personnellement demandé qu’on expulse Yasser Arafat d’une soirée soulignant le cinquantième anniversaire des Nations unies, a lancé Giuliani, sous les applaudissements nourris des 2000 personnes réunies à la Salle Wilfrid-Pelletier. Les chefs des pays démocrates ne devraient jamais trinquer avec des dictateurs et des assassins." Et Ariel Sharon, alors? Ou Vladimir Poutine, le nouveau pote des leaders du G7? On leur sert un deuxième verre de punch?
Après que cinq premiers de classe eurent posé quelques questions creuses à leur illustre invité ("Quels conseils avez-vous à offrir à la jeunesse du monde entier?", et autres platitudes du genre), la soirée, qui avait débuté en grande pompe sur l’hymne national américain, s’est terminée sur l’hymne national d’Israël.
Message clair, reçu 5 sur 5.
Dire que je suis sorti de cette conférence avec un goût amer dans la bouche est un euphémisme. J’avais littéralement envie de vomir.
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Cela dit, Giuliani n’est pas le seul à faire preuve d’une telle mauvaise foi. Certains défenseurs du peuple palestinien sont aussi simplistes et aussi grossiers dans leur analyse.
Prenez les attentats suicide qui mettent Israël à feu et à sang. Combien de gens n’hésitent pas à comparer les kamikazes palestiniens à des soldats? Or, cette affirmation n’est pas seulement absurde, elle est carrément dégueulasse.
Les pauvres bougres qui se font sauter à la dynamite aux quatre coins d’Israël ne sont pas des soldats. Ce sont des illuminés qui ont été manipulés par une bande de fanatiques disjonctés. Ils ne se font pas sauter pour des raisons politiques. Ils se font sauter parce qu’on leur a promis que de l’autre côté, 500 jeunes vierges leur pomperaient le noeud jusqu’à la fin des temps. Ils se font sauter parce qu’on leur a fait croire que leur martyre bénirait leur famille.
Ils se font sauter parce qu’on leur a bourré le crâne et lavé le cerveau.
Ils ont autant de points en commun avec nos soldats que les milliers de bachi-bouzouks qui se sont empoisonnés au cyanure sur l’ordre du révérend Jim Jones, dans les années 70.
Avant de planter un avion bourré d’innocents dans l’une des tours du World Trade Center, Mohammed Attah a laissé deux testaments derrière lui. L’un dit: "Pour mes funérailles, je ne veux pas d’êtres impurs. C’est-à-dire des animaux et des femmes." Et l’autre: "Même autour de ma tombe, je ne veux pas d’êtres impurs. En particulier les plus impurs de tous: les femmes enceintes."
Des soldats, ça? C’est leur faire trop d’honneur. Ces fous ne sont pas des militaires. Ce sont des zombies.
On peut bien détester l’armée, reste qu’il y a une hiérarchie, un système de lois, une cour martiale. Chez les kamikazes palestiniens, il n’y a rien. Rien que la mort. Rien que l’envie de semer la mort.
Récemment, Amnistie internationale a déclaré que les attentats suicide commis en Israël étaient des crimes contre l’humanité. C’est une décision courageuse.
Car on a beau être contre l’intolérance du gouvernement israélien, on ne peut défendre l’indéfendable.