Si vous êtes amateur de jeux informatiques, vous connaissez sûrement SimCity. Il s’agit d’un jeu de simulation extrêmement complexe qui vous permet d’ériger (et de diriger) une ville.
Vous pouvez construire des routes, bâtir des habitations à prix modique, ouvrir une centrale nucléaire, aménager un parc au beau milieu du centre-ville. Mais chacune de vos décisions aura un impact sur l’ensemble de l’agglomération urbaine. Par exemple, si vous ouvrez un casino pour attirer les touristes, vous ferez face à une augmentation du crime. Vous devrez donc engager plus d’agents de police, hausser les taxes municipales, ouvrir un centre d’aide pour les joueurs compulsifs, etc. Si vous choisissez plutôt de construire un parc industriel en bordure d’une zone résidentielle, vous attirerez des usines qui accroîtront vos revenus, mais le degré de pollution augmentera et une partie des résidants feront leurs valises et quitteront votre municipalité.
Le but du jeu est de construire la ville la plus équilibrée possible (ce qui n’est pas de la tarte).
Si vous croyez que SimCity est un jeu hyperréaliste, attachez votre tuque avec de la broche. Son créateur, Will Wright, vient de concevoir un jeu encore plus complexe et plus décoiffant.
Il s’agit de The Sims Online.
The Sims Online est un village informatisé, que vous pouvez visiter sur Internet. Vous installez le logiciel du jeu sur votre ordinateur, vous payez un abonnement mensuel (10 dollars), vous vous créez un personnage virtuel, et paf! vous voilà citoyen à part entière de cette agglomération fictive.
Dans The Sims Online, tout est possible. Vous pouvez vous trouver un boulot, fonder une entreprise, acheter une maison, fréquenter des amis ou partager un 4-1/2 avec six colocs (qui vous mettront à la porte si vous ne faites pas le ménage). Chaque personnage que vous croisez dans la rue est dirigé par un internaute en chair et en os. Les personnages de The Sims Online peuvent tomber en amour et même se marier! Ils peuvent fonder une famille, aller à l’école, se retrouver chômeur, faire faillite, divorcer, tomber malade ou organiser des partys monstres qui durent 24 heures…
Bref, c’est la vie comme si vous y étiez.
Pour les nerds agoraphobes qui sont incapables de quitter leur sous-sol, The Sims Online constitue une occasion en or. La chance de refaire leur vie, et d’entrer (enfin!) en interrelation.
Vous avez vu le film Videodrome, de David Cronenberg? Le personnage principal, interprété par James Woods, est fasciné par la vidéo et la réalité virtuelle. Plus l’histoire évolue, plus la frontière entre la réalité et la fiction s’embrouille dans sa tête, et moins il sait faire la différence entre ce qui est vrai et ce qui est faux. À la toute fin, il se filme avec une caméra vidéo, insère la cassette dans un magnétoscope, puis se tire une balle dans la tête. "Long live the new flesh", dit-il avant de mourir. Cet homme tripe tellement sur la réalité virtuelle qu’il décide de se débarrasser de son enveloppe charnelle.
Entre le moi réel et le moi inventé, il choisit le second. Adieu la vraie vie, bonjour l’éternité numérique.
Le film-culte de Cronenberg nous propose une vision complètement disjonctée et schizoïde de l’avenir. Or, avec The Sims Online, cet avenir est maintenant à nos portes. Des milliers d’internautes vivant à Singapour, à Val-d’Or ou à Moscou pourront mener une existence virtuelle.
Vous êtes moche, votre vie est moche et rien ne va plus? Visitez The Sims Online et recommencez votre vie à zéro. Devenez maire, top model, pompier. Épousez la plus belle fille du village, faites-vous construire une piscine creusée derrière votre villa luxueuse et amassez un million de dollars avant d’avoir 30 ans.
Ce jeu sera tellement populaire que McDonald’s a décidé de s’y associer. Les internautes pourront ainsi ouvrir des franchises de McDo virtuelles, ou gagner leur vie en vendant des Big Macs numériques!
Assisterons-nous à la naissance d’un syndicat virtuel associé à la CSN?
Tout est possible. Même être témoin du premier attentat terroriste visant un édifice fictif…