Ondes de choc

Trash radio

Avouez-le: vous avez frissonné comme des poules sans tête lorsque vous avez appris que l’animateur de radio Robert Gillet avait été pris les culottes baissées dans une sordide affaire de prostitution juvénile.

Il n’y a rien de plus satisfaisant que de voir un donneur de leçons se faire mettre le nez dans son propre caca. "Ça fait des années que tu traites les gens de bandits, de vicieux et de salauds sur les ondes? Eh bien, danse, maintenant!"

Lorsque l’affaire Gillet a explosé sur les ondes de la radio, la ville de Québec a littéralement pété une coche. Il fallait entendre André Arthur, le compétiteur de Gillet, prendre plaisir à clouer son ennemi au pilori. Après avoir dit que Gillet était un alcoolo fini qui aimait aller en Thaïlande afin de se taper des petites filles, Arthur a fait jouer Prendre un enfant, d’Yves Duteil.

De la grande classe, je vous dis.

Un beau moment de radio.

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Je ne sais pas ce qui se passe avec la Vieille Capitale, mais la radio de Québec est l’une des plus trash au monde. Toutes les grandes gueules y sévissent. André Arthur, Robert Gillet, et l’immonde Jeff Fillion, l’un des animateurs les plus excrémentiels de l’Histoire des médias.

C’est bien simple, à côté de Fillion, Howard Stern a la finesse d’esprit d’un Daniel Pinard. Pour vous donner une idée du personnage: cette merde ambulante a déjà traité Martin Deschamps de monsieur Patate. Il a dit qu’il aimerait entrer dans une salle de rédaction et tirer dans le tas avec un fusil. Et il a avoué qu’il aimerait ligoter un chroniqueur du Journal de Montréal dans son auto, et baiser (pour ne pas dire violer) sa blonde devant lui.

Vous voulez vivre une expérience psychotronique? Promenez-vous dans les belles rues de Québec en écoutant la radio dans votre auto. Vous aurez l’impression de regarder A Room with a View en écoutant la bande-son de Jackass: the Movie. Vous n’en croirez pas vos oreilles.

Québec est une ville magnifique. C’est aussi une cité complètement schizophrène. Autant ses habitants sont conformistes et petits-bourgeois, avec leur petit pull marin de chez Simons et leurs cheveux séparés sur le côté, autant sa radio est déchaînée. C’est comme si les toilettes du Château Frontenac ressemblaient à des bécosses de camping.

Je n’ai jamais compris comment une ville aussi propre et aussi coincée pouvait accoucher d’une radio aussi scato. Il y a sûrement une explication freudienne à cette situation. Genre: il faut bien que le méchant sorte. Plus le Sur-moi est contraignant, plus le Ça est débridé.

Un ami journaliste m’a déjà dit que si Québec avait une radio aussi vulgaire, c’est parce que c’était une ville tricotée serré.

À Québec, voyez-vous, tout le monde se connaît. Tout le monde fréquente tout le monde, et tout le monde travaille avec tout le monde. On ne peut jamais dire du mal de quelqu’un, ni critiquer qui que ce soit sans causer une commotion sur Grande-Allée. Il suffit de porter un vêtement un tant soit peu bigarré pour être dévisagé comme si on sortait de l’asile.

Alors la vapeur sort par les ondes radio. On a élu trois fous du roi pour ruer dans les brancards et chier sur le perron du voisin.

Gillet, Arthur et Fillion permettent en fait à Québec de se débarrasser de ses toxines en toute impunité. C’est la fosse sceptique où la Ville enterre ses couches souillées et ses déchets nucléaires.

Alors qu’à Montréal, on n’a pas ce problème.

La marde, on ne la cache pas. Elle est visible partout, tous les jours.